TEMOIGNAGE DE JENNY ET JÉRÔME
Nous nous sommes inscrits comme volontaires dans le programme d’éducation de Maison de la Gare. Notre
première impression en entrant dans le centre de MDG à Saint Louis a été que ce lieu est un refuge,
plein de couleurs et de verdure, se situant au cœur de la ville mais à l’abri de ses épreuves. Passés
la porte, les talibés redeviennent des enfants. Ils s’y sentent suffisamment en sécurité pour oser y
déposer pendant quelques heures leur gamelle de riz mendié pour le Marabout,
et oser se laisser aller à jouer et à rire,
avant de devoir rejoindre la vie pénible des daaras.
En fait, nous nous sommes vite rendu compte que la Maison de la Gare était plus qu’un refuge et qu’elle
avait pour ambition d’être aussi un lieu d’éducation. Comment apporter un peu d’éducation à des enfants
dont la vie est si différente de la nôtre ? Nous avons tenté de trouver la réponse à cette question
pendant notre séjour qui finalement a pris plusieurs formes et reste toujours ouverte.
Nous avons commencé par la forme d’éducation la plus évidente : celle qu’on donne en classe. Nous avons
en effet essayé tout comme les autres volontaires de leur apprendre les mathématiques et le français.
Le plus important et difficile à faire finalement n’est pas le résultat mais de leur donner
envie de revenir en classe le lendemain, de les rendre assidus, et de faire comprendre aux plus grands
l’intérêt d’aller en classe pour leur future vie d’adulte.
Respecter son environnement et les autres nous est également apparu comme un point de départ essentiel.
Pour cela, nous avons tenté de mettre en place plusieurs règles, telles que ramasser les déchets par terre,
ne pas se battre ou encore respecter les horaires avec la création d’un planning journalier affiché un
peu partout dans le centre. Le but était de leur apporter des repères et de leur apprendre quelques règles
de vie en collectivité. Cependant, il a été compliqué d’imposer des contraintes, souvent incomprises au
départ, à des enfants dont l’éducation religieuse et la vie sont déjà si difficiles et auxquelles se rajoute
la barrière de la langue.
Très vite, nous avons réalisé qu’il était aussi important de prendre du temps pour leur apprendre la base
: se laver. Cela peut paraître évident, mais nous nous sommes rendu compte que se laver et savoir pourquoi
on se lave n’est pas inné chez les enfants, encore moins quand ces enfants vivent dans la rue, livrés à
eux-mêmes et dépourvus de modèles éducatifs. Nous avons donc davantage encadré les douches, en particulier
avec les plus petits, et leur avons appris à comment utiliser un savon et à se savonner le corps correctement.
Ensuite, nos passages dans les daaras nous ont fait découvrir les conditions de vie des enfants en dehors
de la Maison de la Gare et de la ville. Ce fut pour nous des moments assez difficiles à gérer
émotionnellement. C’est là que l’on se rend réellement compte de l’ampleur de la tâche que tente d’accomplir
Maison de la Gare. L’aide en tant que volontaires pendant un petit mois nous est alors apparue bien maigre
face au travail à réaliser. Deux sentiments se mêlaient : le refus de se décourager et le regret de ne pouvoir
faire plus...
Être au contact de ces enfants nous a beaucoup apporté, même s’il nous a été nécessaire de prendre une certaine
distance avec eux pour pouvoir les aider au mieux. Un regard, un sourire de leur part et c’est reparti. Ils
sont impressionnants, si courageux… Cette riche expérience remet les pendules à l’heure et nous renvoie de
manière très criante les nombreux privilèges dont nous bénéficions chez nous.
Enfin, nous avons eu un aperçu de l’Afrique du Sénégal, de sa culture et de sa population que nous avons
découvertes pour la première fois. Nous avons rencontré des enfants, des hommes et des femmes, estimé et
apprécié nombre d’entre eux et surtout admiré l’un d’eux, Issa, le président de l’association, qui se dévoue
corps et âme pour les enfants talibés des rues, avec courage et désintérêt. Néanmoins, un seul homme, aussi
fort et volontaire soit-il, ne peut porter seul ce fardeau qu’est la condition infligée à ces enfants du
Sénégal.
Nous sommes heureux de l’avoir soutenu à notre mesure dans cette lutte, mais tant reste à faire et lançons
donc un grand cri d’appel à quiconque voudra venir le soutenir à son tour…
(Veuillez cliquer ici pour voir
le rapport complet de Jenny et Jérôme avec leurs photos)