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Volontaires français font face aux défis de l'éducation des enfants-talibés
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Maison de la Gare de Saint-Louis est un refuge. Cela a
été notre première impression en entrant dans ce lieu, plein de couleurs et de verdure, se situant au cœur
de la ville mais à l’abri de ses épreuves. Passés la porte, les talibés redeviennent des enfants. Ils s’y
sentent suffisamment en sécurité pour oser y déposer pendant quelques heures leur gamelle de riz mendié
pour le Marabout et oser se laisser aller à jouer et à rire, avant de devoir rejoindre la vie pénible
des daaras.
En fait, nous nous sommes vite rendu compte que Maison de la Gare était plus qu’un refuge et qu’elle
avait pour ambition d’être aussi un lieu d’éducation. Comment apporter un peu d’éducation à des enfants
dont la vie est si différente de la nôtre ? Nous avons tenté de
trouver la réponse à cette question pendant
notre séjour qui finalement a pris plusieurs formes et reste toujours ouverte.
Nous avons commencé par la forme d’éducation la plus évidente : celle qu’on donne en classe. Nous avons
en effet essayé tout comme les autres volontaires de leur apprendre les mathématiques et le français.
D’ailleurs, le plus important et difficile à faire finalement n’est pas le résultat mais de leur donner
envie de revenir en classe le lendemain, de les rendre assidus, et de faire comprendre aux plus grands
l’intérêt d’aller en classe pour leur future vie d’adulte.
Respecter son environnement et les autres nous est également apparu comme un point de départ essentiel.
Pour cela, nous avons tenté de mettre en place plusieurs règles, telles que ramasser les déchets par
terre, ne pas se battre ou encore respecter les horaires avec la création d’un planning journalier
affiché un peu partout dans le centre.
Le but était de leur apporter des repères et de leur apprendre
quelques règles de vie en collectivité. Cependant, il a été compliqué d’imposer des contraintes, souvent
incomprises au départ, à des enfants dont l’éducation religieuse et la vie sont déjà si difficiles et
auxquelles se rajoute la barrière de la langue.
Notre idée, en arrivant, du rôle d’un volontaire à Maison de la Gare était aussi d’essayer
d’apporter une ouverture aux enfants, surtout aux plus grands, de leur montrer ce qui existe en
dehors de Saint-Louis et du Sénégal, et de les amener à croire à un avenir possible et différent
de celui de devenir à son tour Marabout.
Très vite, nous avons réalisé qu’il était aussi important de prendre du temps pour leur apprendre
la base : se laver. Cela peut paraître évident, mais nous nous sommes rendu compte que se laver
et savoir pourquoi on se lave n’est pas inné chez les enfants, encore moins quand ces enfants
vivent dans la rue, livrés à eux-mêmes et dépourvus de modèles éducatifs. Nous avons donc davantage
encadré les douches, en particulier avec les plus petits, et leur avons appris à comment utiliser
un savon et à se savonner le corps correctement.
Ensuite, nos passages dans les daaras nous ont fait découvrir les conditions de vie des enfants
en dehors de Maison de la Gare et de la ville. En fait, seule une partie des enfants-talibés
de Saint-Louis viennent régulièrement à Maison de la Gare : ceux qui finalement gèrent
« le moins mal » la situation. De nombreux autres enfants-talibés sont livrés à eux-mêmes dans
les rues de Saint-Louis avec pour seule aide les passages ponctuels de l’équipe de Maison de
la Gare dans les daaras pour dispenser les premiers soins. Ce fut pour nous des moments assez
difficiles à gérer émotionnellement. C’est là que l’on se rend réellement compte de l’ampleur
de la tâche que tente d’accomplir Maison de la Gare. Autre chose qui nous a interpelés : ce
sont des enfants qui ont pour beaucoup perdu toute identité, qui ne se souviennent ni de leur
nom de famille ni du nom de leur village. L’aide en tant que volontaires pendant un petit mois
nous est alors apparue bien maigre face au travail à réaliser. Deux sentiments se mêlaient :
le refus de se décourager et le regret de ne pouvoir faire plus...
Être au contact de ces enfants nous a beaucoup apporté, même s’il nous a été nécessaire de prendre
une certaine distance avec eux pour pouvoir les aider au mieux. Un regard, un sourire de leur part
et c’est reparti. Ils sont impressionnants, si courageux… Cette riche expérience remet les pendules
à l’heure et nous renvoie de manière très criante les nombreux privilèges dont nous bénéficions
chez nous.
Enfin, nous avons eu un aperçu de l’Afrique du Sénégal, de sa culture et de sa population que
nous avons découverts pour la première fois. Nous avons rencontré des enfants, des hommes et
des femmes, estimé et apprécié nombre d’entre eux et surtout admiré l’un d’eux, Issa, le président
de l’association, qui se dévoue corps et âme pour les enfants talibés des rues, avec courage et
désintérêt. Néanmoins, un seul homme, aussi fort et volontaire soit-il, ne peut porter seul ce
fardeau qu’est la condition infligée à ces enfants du Sénégal.
Nous sommes heureux de l’avoir soutenu à notre mesure dans cette lutte, mais tant reste à faire
et lançons donc un grand cri d’appel à quiconque voudra venir le soutenir à son tour.