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Portrait d'espoir pour les enfants talibés
TweeterNdèye Diodio Calloga raconte la remarquable histoire de Maison de la Gare comme une lueur d'espoir pour les enfants talibés au cours des quatre dernières années
Il y a un peu plus de quatre ans, nous avons annoncé
« Un nouveau chapitre pour les enfants
talibés », une subvention de quatre ans de l'Union européenne qui a permis de
renforcer fortement nos
programmes d'éducation, de santé et d'hygiène, de sport et d'art pour les enfants talibés mendiants,
d’intensifier considérablement nos efforts pour prendre en charge les enfants vivant dans la rue, et de
sensibiliser les communautés d'origine des enfants aux conditions déshumanisantes auxquelles ils sont
soumis lorsqu'ils sont confiés à des marabouts dans des villes éloignées.
La subvention a pris fin en décembre 2019. Ce rapport est le premier d’une série de trois à revenir sur
ce qui a été accompli au cours des quatre années et à mettre en évidence les défis à venir.
Les enfants talibés viennent au centre d’accueil de Maison de la Gare pour bénéficier de services de
soins, d’hygiène,
d’activités socio-éducatives et de sports, parmi d’autres. Au cours des quatre ans
de 2016 à 2019, en moyenne, 855 enfants ont visité le centre chaque mois, un total de 3 165 visites par
mois. La plupart de ces enfants (60%) avaient entre 10 et 17 ans, tandis que 27% étaient plus jeunes,
aussi jeunes que 4 ans, et 13% plus âgés. 64% des enfants sont originaires de différentes régions du
Sénégal, tandis que les autres ont été trafiqués depuis les pays voisins - la Gambie, la Guinée, la
Guinée-Bissau, la Mauritanie et le Mali.
Assistance médicale - Maison de la Gare offre une assistance médicale
pour les enfants talibés participants à ses programmes, mais aussi aux enfants talibés dans leurs daaras.
En moyenne. 427 enfants ont été traités à l’infirmerie et dans les daaras chaque mois au cours des
quatre ans. Les principales pathologies comprennent les infections respiratoires aiguës (toux, rhume),
les douleurs abdominales (constipations, diarrhée, parasites), les maladies dentaires,
la conjonctivite
et autres affections oculaires, et les affections dermiques telles que la gale. En outre, les coupures,
les abcès, les maux de tête, les infections et les brûlures sont courants.
Nous sommes de plus en plus convaincus que la prévention est la clé des soins de santé. Beaucoup des
enfants profitent des installations d'hygiène de notre centre pour prendre une douche, laver leurs
vêtements et se brosser les dents. Nous avons monté un important programme de prévention et de
traitement de la gale chez les enfants talibés en partenariat avec le District sanitaire de Saint-Louis
et la Croix-Rouge. Et nous avons complètement traité et rénové certains daaras où les conditions de
vie des enfants étaient particulièrement insalubres.
Éducation - Le volet éducatif, à travers l'alphabétisation, les cours de mathématique
et les leçons de vie, suscite l'intérêt des enfants pour les études même si leur intégration dans
l'école formelle s'est avérée difficile en raison de la réticence des marabouts. Les enseignants
explorent avec les enfants
les règles qui régissent la société au moyen d’exercices pratiques, des
simulations, des échanges et des discussions. Une trentaine d'enfants en moyenne ont suivi des cours
régulièrement chaque mois, tandis que seulement 17 au total ont été inscrits avec
succès à l'école formelle.
Pour les talibés plus âgés pour qui l'éducation formelle n'est pas une option, nos programmes
d'apprentissage sont devenus de plus en plus importants. 55 jeunes ont obtenu leur diplôme de notre
programme d'apprentissage agricole à Bango pendant les quatre années, apprenant tous les éléments de
la mise en place d'une plantation maraîchère réussie. Nous avons ajouté en 2017 un programme
d'apprentissage en aviculture.
30 apprentis ont suivi un programme de formation comprenant plusieurs
cycles de production de 125 poulets chacun, maîtrisant la préparation, l'alimentation,
l'hygiène et la sécurité, la boucherie et la mise en marché. Plusieurs de ces jeunes ont réussi à
établir leurs activités indépendantes, le plus récemment avec le soutien de notre nouveau programme
de microfinance. Et, depuis 2018, notre programme d'apprentissage en couture offre un autre volet
aux jeunes qui travaillent pour devenir autosuffisants.
Forts de notre expérience de ces quatre années, nous repensons en profondeur les programmes éducatifs,
pour les rendre plus en phase avec les besoins les plus pressants des talibés. L'intégration dans
l’école formelle sera désaccentuée. Nous nous concentrerons sur la fourniture aux enfants de
compétences linguistiques et informatiques pratiques, comme une passerelle
vers une participation
réussie à nos programmes d'apprentissage et à d'autres voies pour devenir financièrement autonomes.
Sports et arts - Le programme sportif favorise non seulement une bonne santé ; il
permet également aux enfants de s'exprimer à travers des activités de loisir qui leur permettent de
se libérer de leur vie difficile dans la rue. Les enfants adorent participer à des tournois de
football qui les réunissent dans une passion commune. 74 tournois interdaaras ont eu lieu au cours
des quatre années, en plus de centaines de matchs officieux impliquant un grand nombre d'enfants talibés.
De plus, de nombreux enfants et jeunes continuent de bénéficier de notre programme de karaté. 46
d'entre eux sont maintenant inscrits dans notre centre et dans un dojo local, et font d'énormes
progrès. En 2019, l'un des jeunes talibés a obtenu avec succès sa ceinture noire !
L'art et la musique sont de puissants outils de communication et d'expression de soi, apportant
aux enfants un moyen très important de développement psychologique. Ils sont un élément clé de nos
activités, animés par nos enseignants, volontaires et autres membres du personnel.
Nous sommes reconnaissants à l’Union européenne dont la subvention a rendu possible le renforcement
de nos programmes en faveur des enfants talibés. Les enfants en ont énormément bénéficié et les
membres de notre personnel ont renouvelé leur engagement et leur efficacité.
Même s’il est difficile de limiter ou de réduire le nombre de daaras dans la région de Saint-Louis,
les conditions d’apprentissage des enfants mendiants de la rue ont été considérablement améliorées
au cours des quatre ans. Les marabouts qui contrôlent leur vie sont maintenant plus coopératifs
et Maison de la Gare a aujourd’hui atteint un seuil de connaissance et de visibilité qui facilite
l’accès des enfants à ses services.
Maintenant que la subvention de l’Union européenne est terminée, nous sommes plus que jamais
dépendants de vous, nos précieux supporteurs, pour soutenir nos programmes vitaux.