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Un nouveau chapitre pour les enfants talibés
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Une subvention importante de l'Union européenne ouvre des portes très prometteuses pour Maison de la Gare et les enfants pour qui elle œuvre
Le jeudi 2 juin, l'Hôtel Keur Dada à
Saint-Louis a abrité une grande cérémonie : le lancement d'un projet d'envergure visant
« Amélioration des conditions de vie des enfants talibés, des enfants vivant dans les
rues et des enfants
en situation de vulnérabilité », un projet de quatre ans rendu
possible par une subvention très importante décerné par l'Union européenne.
Cette cérémonie a été présidée par M. Sahite Fall, Adjoint au développement du
Gouverneur de Saint-Louis, et cela a été l'occasion de regrouper les principaux acteurs qui
œuvre dans la protection de l'enfance dans la commune de Saint-Louis, notamment les
représentants des agences gouvernementales, des maîtres d'écoles coraniques et des
marraines des enfants, et les divers mouvements et associations intervenant en la
matière. Le personnel de Maison de la Gare et de notre partenaire pour cette action,
l'ONG Concept, a aussi été présent.
Diodio Calloga Sané, la coordinatrice du projet pour Maison de la Gare, a présenté
le projet en mettant en exergue le fait que Saint-Louis soit une région réputée dans
l’apprentissage du Coran, ce qui explique cette affluence d'enfants talibés issus de
zones reculées du Sénégal mais aussi des pays limitrophes tels que la Gambie ou la
Guinée. Pour preuve, l’une des premières activités menées dans le cadre du projet,
à savoir le recensement, a fait état de près de 15.000 enfants talibés dans la
commune de Saint-Louis, la majeure partie d'entre eux vivant des situations
difficiles appelant des réponses idoines et adaptées qui amélioreraient leurs
conditions de vie.
Par ailleurs, le projet ne se consacre pas seulement aux enfants talibés. Il concerne
aussi les enfants issues de familles démunies.
En effet, Maison de la Gare et Concept travaillent en collaboration avec un réseau
d’entités associées, 
notamment Action Femmes Enfants - une association locale œuvrant
pour les femmes mères en difficulté ; Terres Rouges - une ONG internationale qui
travaille dans la prise en charge psychosociale des enfants de la rue, enfants
talibés et personnes vulnérables ; et Univers de l’enfant - qui a travaillé avec
Maison de la Gare depuis des années dans la recherche et la prise en charge des
enfants de la rue.
On travaille aussi en étroite collaboration avec
les services techniques de l’État, notamment l’Action sociale, l’Action éducative
en milieu ouvert du Ministère de la Justice (AEMO), le Service régional de
développement communautaire, la police et les tribunaux. Par ailleurs, les
artisans, les directeurs
d’écoles, les marabouts, les délégués de quartiers et
d’autres associations œuvrant dans la protection de l’enfant contribuent aussi à
la bonne réalisation des objectifs fixés dans le projet. Tous ces acteurs étaient
présents lors de la journée de lancement.
Pour Maison de la Gare, ce nouveau projet vient en renfort à nos activités
éducatives, de soins et d'hygiène, artistiques, sportives et autres dans notre
centre à Saint-Louis avec deux objectifs quantitatifs : encadrement de plus de
mille enfants au centre par an, et obtention de papiers d'identité pour 100 enfants
par an. Ce dernier est d’importance capitale vu les blocages que le manque de
pièces d'identités peut causer relativement
à l’école formelle, aux activités bancaires et à l’existence en tant que citoyens
dans la société sénégalaise.
Par ailleurs, ce projet nous permet de concrétiser et d’améliorer deux volets
essentiels :
La prise en charge, la réintégration sociale et le suivi du cheminement de
plus de 350 enfants par an vivant dans la rue. S’il est vrai que, depuis
des années, nous avons 
effectué des rondes de nuit afin de retirer des enfants de
la rue et de les réintégrer dans leurs familles, il n’en demeure pas moins que ces
actions paraissaient comme une goutte d'eau dans l’océan. Maintenant, il devient
possible de prendre en charge et
réintégrer la quasi-totalité des enfants vivant dans la rue.
Sensibilisation. Nous organiserons chaque bimestre des
campagnes de sensibilisation dans
les principaux lieux de provenance des enfants talibés de
Saint-Louis. Cette sensibilisation se fera par un système de porte-à-porte, mais
aussi via les médias, le micro-trottoir, les réunions et par l'entremise de sketches
de théâtre. Nous comptons éveiller la conscience de ces personnes
et attirer leur attention sur les violations des droits et libertés de leurs enfants
et l’urgence et la nécessité de les protéger.
De par ces deux volets, nous 
comptons aboutir à une réduction de 25% du nombre
d'enfants talibés mendiants à Saint-Louis. Le recensement
effectué au début de l’action servira de point de référence.
Ce projet favorise aussi l’apprentissage des enfants en âge de travailler.
Il prévoit ainsi la formation de 600 enfants dans des métiers de couture, de
menuiserie bois et métal,
de mécanique auto et d'informatique, incluant 25 enfants
talibés par an en apprentissage agricole au terrain de Maison de la Gare à Bango.
De plus, ce projet améliorera les
conditions de vie de
300 enfants vulnérables ou victimes de violence et
renforcera le maintien de 1 000 enfants scolarisés à l'école. Et le projet
prévoit le renforcement de la connaissance des mécanismes de
prévention et de protection pour des milliers d'enfants.
En somme, ce projet marque un nouveau chapitre, un grand tournant
dans la protection des enfants vulnérables à Saint-Louis, mais aussi l’opportunité
pour Maison de la Gare, Concept et tous les acteurs d’effectuer une avancée majeure
en la matière et de bâtir un avenir meilleur pour les enfants.
