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Rencontrer les enfants talibés dans les daaras où ils vivent
TweeterLes volontaires de « Davis Projects for Peace » jettent la lumière sur ce monde caché, tout en l'améliorant un peu
Rose Mbaye, Eyram Adedze, Ben
Ouattara et Mame Coumba, les quatre des étudiants à l'Université de Rochester
à New York, ont mené une grande mobilisation d'étudiants universitaires sénégalais
pour le compte de Maison de la Gare et des enfants talibés - «
Un nouveau départ pour
les enfants talibés ».
Maison de la Gare s'est basée sur son expérience acquise depuis l’ouverture de
son centre d’accueil pour aider des volontaires universitaires à comprendre la
situation qui prévaut actuellement, à les stimuler dans le but d’apporter ce qui
fait encore défaut dans notre effort pour éradiquer ce soi-disant système
d'enseignement comploté par des faux maîtres coraniques et aussi à comprendre
le défi à relever.
Human Rights Watch, dans son report « Sur le dos des enfants », publié en 2010,
résume la vie des enfants dans les daaras comme suit :
« Du matin au soir, le paysage des villes du Sénégal se parsème de garçons
- dont la vaste majorité ont moins de 12 ans et beaucoup n’ont pas plus de
quatre ans - qui traînent en petits groupes dans les rues, se faufilent à travers
la circulation et attendent devant les centres commerciaux, les marchés, les
banques et les restaurants. Vêtus de chemises trop grandes, sales et déchirées,
souvent pieds nus, ils tendent une sébile en plastique ou une canette vide dans
l’espoir de recevoir une aumône. Dans la rue, ils sont exposés à la maladie, au
risque d’être blessés ou tués par une voiture, et aux violences physiques,
parfois sexuelles, infligées par des adultes.
Le quotidien de ces enfants se résume à un dénuement extrême. Malgré l’argent
et le riz qu’ils rapportent au daara, les enfants sont forcés de mendier dans
la rue pour se nourrir. Certains volent ou fouillent les déchets pour trouver
quelque chose à manger. La majorité souffre constamment de la faim et de
malnutrition, grave ou légère. Lorsqu’un enfant tombe malade, ce qui arrive
fréquemment compte tenu des longues heures passées dans la rue et des piètres
conditions d’hygiène au daara, le professeur lui fournit rarement une assistance
médicale. Les enfants sont obligés de passer encore plus d’heures à mendier afin
de pouvoir acheter des médicaments pour traiter les parasites de l’estomac, le
paludisme et les maladies de la peau qui sévissent dans les daaras. La plupart
des daaras urbains sont situés dans des constructions inachevées, laissées à
l’abandon, ou des logements de fortune en chaume. Il est courant que les enfants
dorment à 30 dans une petite pièce, entassés les uns sur les autres à tel point
qu’ils choisissent de braver les éléments à l’extérieur, surtout pendant la
saison chaude. Pendant les quatre mois d’hiver que connaît le Sénégal, les
talibés souffrent du froid, n’ayant que peu ou pas de couvertures, voire, dans
certains cas, pas de matelas sur lequel dormir. »
Des visites de daaras ont permis aux étudiants de voir de leurs propres yeux
les conditions de vie des enfants dans les daaras de Saint-Louis, et de se
conscientiser sur la différence existant entre les bons et les mauvais daaras.
Au cours du projet, les volontaires ont visité sept daaras où vivent les enfants,
faisant des dons de nattes, de savons, de chaussures, d'habits et de médicaments
de premiers soins. Ils ont également réalisé un grand travail de nettoyage des
lieux de ces daaras, avec des dons de balais et de seaux et surtout de
moustiquaires pour permettre aux enfants de vivre dans les meilleures conditions
possibles. Les volontaires ont également nettoyé des vêtements pour les jeunes
talibés, par exemple dans le daara Serigne Abdoulaye Bâ à Pikine, dans le but de
démontrer par l'exemple ce que la société pourrait faire pour venir en aide à
ces enfants.
Ces visites ont permis à certains étudiants d’exprimer leur désaccord avec
l’insupportable philosophie de certains maîtres coraniques de la place, d'où
l'idée de faire quelques rénovations qui vont au moins aider un peu les enfants
forcés de vivre dans une telle promiscuité. Beaucoup de daaras ne se dotent
pas de matériels de premiers soins ni d’installations d’hygiènes de base. Par
exemple, au daara de Serigne Alioune Sow dans la banlieue de Darou, les
volontaires ont réalisé la rénovation des douches et la construction d'une toilette.
À la fin de ce projet, un réseau de nouveaux amis s'est créé pour pérenniser
le travail assez ardu, mis en place par un groupe de volontaires qui ont vite
compris que le linge sale se lave en famille. Ce projet a permis à bon nombre
de jeunes universitaires à changer leur vision sur le monde de ces enfants en
situation de vulnérabilité. Il a aussi renforcé la conviction chez les enfants
qu'il y a dorénavant des Sénégalais et des Sénégalaises qui sont informés de
leur situation et qui sont engagés dans des actions qui leur permettront de
leur donner la chance d'une vie meilleure.