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« Un nouveau départ pour les enfants talibés »





























Favoriser la compréhension et mettre fin à l'abus - Les lauréats de « Davis Projects for Peace » effectuent le changement


Quatre étudiants africains de l'Université de Rochester, New York ont été sélectionnés au début de 2015 en tant que lauréats de « Davis Projects for Peace ». Rose Mbaye avait déjà constaté de ses propres yeux la violence physique extrême et la marginalisation sociale que subissent les enfants talibés mendiants dans la rue de Dakar, sa ville natale. Elle a partagé sa détermination à faire face à ce problème avec ses coéquipiers à Rochester U., Mame Coumba Mbodji du Sénégal, Zanga Ben Ouattara du Burkina Faso et Eyram Adedze du Ghana et, ensemble, ils ont reçu ce prix prestigieux.

Rose rapporte que le groupe a contacté plusieurs organisations sénégalaises qui travaillent avec les enfants talibés mendiants, cherchant à la fois à comprendre mieux les enjeux et à identifier un partenaire avec qui ils pourraient travailler afin d'effectuer le changement dans le cadre d'un projet à court terme. Ils ont choisi Issa Kouyaté et Maison de la Gare. Du point de vue d'Issa, « Nous avons discuté pendant trois longs mois de la faisabilité de ce projet. Ce que j'ai fait ne fut que partager notre expérience et nos idées qui consistent à mettre en valeur notre travail en collaboration avec nos partenaires et aussi avec le monde qui nous entoure. Par rapport à ce travail, j'ai fait part de ma conviction que le succès de ce travail nécessitait l'implication des agents de Maison de la Gare, de la société civile, mais également celle de tous les organismes qui travaillent pour la protection de l'enfant. »

Les principaux objectifs du projet étaient de promouvoir la sensibilisation à l'exploitation, aux abus et à la stigmatisation des enfants talibés, et de collaborer avec les différents acteurs locaux pour améliorer les conditions de vie dans lesquelles vivent ces enfants, dépourvus du moindre confort matériel, privés d'une instruction appropriée et victimes d'abus psychologiques. Le but était non seulement de promouvoir l'empathie, mais aussi de promouvoir l'implication des enfants eux-mêmes, des parents, des chefs spirituels, des organismes de services aux jeunes, des éducateurs, des fonctionnaires et des citoyens ordinaires à poser des gestes pour le mieux-être des enfants ainsi que de la société dans son ensemble.

Le projet a duré du 31 juillet jusqu'au 26 août 2015, et l'équipe a été assistée par 45 volontaires sénégalais, pour la plupart des étudiants universitaires, qui avaient été recrutés quelques semaines avant le début du projet.

Les activités prévues au cours des quatre semaines comprenaient des visites et le nettoyage de sept des daaras où les garçons vivent, la rénovation de trois de ces daaras, l'animation de 18 ateliers de formation professionnelle dans le jardinage, la poterie et le recyclage artistique, l'organisation de huit collectes de vêtements, chaussures, savons, etc. dans différents endroits autour de Saint-Louis et l'organisation de campagnes de sensibilisation dans trois communautés. Les volontaires ont également donné des cours de français et d'anglais et des cours de base en informatique et aussi animé d'autres activités éducatives et sportives. Ils ont été répartis en quatre groupes et chacun d'eux a travaillé tour à tour sur chacune des activités. Cet arrangement a donné à chaque volontaire la possibilité de vivre une expérience tous azimuts du projet, ce qui a contribué à maintenir leur intérêt et leur engagement de sorte que plus de 90% d'entre eux sont restés pendant les quatre semaines complètes.

Les activités furent toutes un grand succès, et l'ensemble de leur réalisation a été encore plus satisfaisant. Rose, Ben, Mame Coumba et Eyram ont reçu des commentaires positifs sur le projet des marabouts, des parents, des médias locaux et d'autres organisateurs. Plus de 500 enfants talibés ont bénéficié des programmes au centre de Maison de la Gare et dans leurs daaras. Et la campagne de sensibilisation a touché plus de 300 autres intervenants au phénomène de la mendicité forcée des enfants, la maltraitance et la stigmatisation qui y est associée.

À leur retour à l'université, Eyram, Rose, Mame Coumba et Ben ont résumé ainsi ce qu'ils ont appris : « À travers les conversations que nous avons eues avec les différentes catégories de personnes sénégalaises sur la question des talibés, il est devenu clair qu'il est dans la nature humaine de refuser de prendre la responsabilité pour l'injustice sociale. On pointe du doigt le gouvernement que l'on tient comme étant celui qui devrait rectifier ce problème. Ces conversations nous ont amenés à réfléchir à notre propre complicité dans ce système; nous ne pouvons pas nous empêcher de penser aux nombreuses fois que nous avons refusé de prendre la responsabilité pour les différentes questions dans nos vies et la vie des gens autour de nous.

Ce projet nous a rappelé qu'il est essentiel de relever les défis auxquels nous sommes confrontés dans nos vies. Il nous faut avoir un esprit et un cœur dévoués pour résoudre un problème aussi complexe que l'exploitation et l'abus des enfants mendiants au Sénégal. Cependant, nous croyons qu'une idée, si petite soit-elle, peut avoir un impact significatif si elle est bien habilitée. Nous ne devons jamais sous-estimer la puissance de la collaboration dans un but noble collectif, parce que la satisfaction que l'on obtient à partir de l'action contre l'injustice sociale vaut plus que mille mots. »


Quant à Issa, il a résumé le projet ainsi : « Une expérience s'est vite consolidée autour des acteurs qui sont Maison de la Gare, les universitaires, les enfants talibés, les maîtres coraniques, mais aussi les autorités. Voilà comment est né le Nouveau départ pour les enfants talibés ».