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Oui, le changement EST possible


























Cheikh Diallo réalise un miracle, façonnant une meilleure enfance pour les enfants talibés mendiants


Lorsque le mari de Ndèye envoya son fils de 8 ans, Samba, de Thiagale, leur village, vers un daara à Louga, elle s'effondra sur le sol en sanglotant. Elle devint inconsolable et ne mangea presque plus pendant plusieurs mois. Elle n'avait presque aucun contact avec son fils. Au fil des semaines et des mois, elle devint de plus en plus faible et ne voulait plus vivre. Ndèye supplia son mari de laisser le garçon rentrer à la maison, mais il n'en tint pas compte. Finalement, la famille de Ndèye en arriva à la conclusion qu’elle était gravement malade et l’envoya à l’hôpital de Dahra Djoloff. Le cordonnier saint-louisien Cheikh Diallo prit conscience de cette situation. Thiagale se trouve proche du village de Cheikh et c’est l’un des quatre endroits où il a construit des écoles. Cheikh a présenté un ultimatum au père de Samba : ramener l’enfant à la maison sinon il le ferait lui-même. Le père céda et appela le marabout de Samba, donnant à Cheikh la permission d’aller chercher l’enfant et le ramener à la maison.

Cheikh décrit la réunion de la mère et son fils à l'hôpital de Dahra Djoloff dans une scène qui rappelle celle de la résurrection de Lazare. Ndèye était affalée sur son lit, proche de la mort. Quand elle vit son fils, elle s'écria en l'embrassant, apparemment, se rétabit instantanément. Les deux s'en retournèrent ensuite à Thiagale, où Samba est maintenant l'un des élèves à l'école construite par Cheikh.

Nous avons visité les écoles de Cheikh dans la région de Mbaye Aw il y a deux ans et avons raconté leur histoire dans un rapport précédent. Estimant que des garçons ne devraient pas être éloignés de leur famille dès leur plus jeune âge, Cheikh a décidé de leur construire des écoles près de chez eux. Sa première école fut établie à Medina Alpha, où le chef du village lui a offert sa fille en mariage – elle se nomme aussi Ndèye - si Cheikh réussissait vraiment à faire de l'école une réalité, ce qui s'avéra. Cheikh et Ndèye vivent maintenant un mariage heureux et viennent d'avoir leur deuxième enfant. Lors de notre visite, il y avait trois écoles en plein essor, à Ndigueli, à Thiagale et à Medina Alpha, tandis qu'une quatrième dans le village de Belel Ndioba avait échoué faute de fonds pour payer l'enseignant.

Mouhamed est un garçon qui était rentré chez lui pour étudier à la nouvelle école de Medina Alpha, après avoir mendié comme talibé à Dakar. Il était en première place de la première promotion. Par la suite, Cheikh l'a aidé à aller en 5e année à Kaolack, où Mouhamed a encore une fois excellé. Lorsque sa famille d’accueil s’éloigna, cependant, Cheikh l’amena vivre avec lui à Saint-Louis pour y poursuivre ses études.

Djibi était aussi un élève des premières classes à Medina Alpha, mais les études n’étaient pas sa passion et il a dû redoubler sa 4e année. Tout ce qu'il voulait, c'était jouer au football, et il excellait dans cette activité. Maintenant, aussi avec Cheikh à Saint-Louis, Djibi est inscrit dans une école de football et démontre un potentiel exceptionnel pour se développer en tant qu'athlète professionnel.

Les trois écoles originales survivantes vont bien, bien que ce soit une lutte constante pour Cheikh. À Ndigueli, à 7 km de Dahra Djoloff, 35 garçons qui seraient autrement des talibés mendiants et 25 filles suivent des cours. Heureusement, le père de trois des enfants est un grand commerçant à Dahra Djoloff et il paie le salaire de l'enseignant.

L'école de Thiagale, où se trouve actuellement Samba, compte deux enseignants grâce à une modeste contribution mensuelle de Maison de la Gare. Les villageois fournissent de la nourriture et un logement pour les enseignants et de la nourriture pour les étudiants. Les fournitures scolaires constituent le principal défi ici, et Cheikh les a financées grâce aux contributions de son propre réseau de contacts et de ses propres maigres revenus.

Dans l’école initiale de Cheikh, à Medina Alpha où Mouhamed et Djibi avaient débuté, on est parvenu à convaincre le gouvernement de fournir deux enseignants aux quelque 50 élèves. L'un d'entre eux enseigne les mathématiques, la langue française et d'autres matières en français tandis que l'autre enseigne l'anglais et le sport. Ici aussi, les villageois fournissent de la nourriture aux enfants et aux enseignants et Cheikh fait de son mieux pour pourvoir aux fournitures scolaires nécessaires.

L’histoire la plus prometteuse de toutes est celle de la nouvelle école de Belel Ndioba, ce village où nous y avions rencontré les anciens pour discuter du sort réservé au projet d’école qui avait échoué, cet échec étant dû au fait que Cheikh n’avait pas été en mesure de payer l’enseignant. Longtemps avant cette mésaventure, deux marabouts de la région avaient installé leurs daaras dans les villes lointaines, forçant ainsi les enfants du village de Belel Ndioba à se déplacer loin de leurs familles. Grâce aux efforts de Cheikh, ces deux marabouts sont revenus dans la région avec leurs enfants. Thierno Kalidou a fait venir 11 talibés de Richard Toll dans le nord, et Thierno Omar Kâ a amené 22 talibés de Kaolack au centre du Sénégal. Les deux marabouts ont regroupé leurs enfants dans une nouvelle école (photo au début de ce rapport). Cette école compte maintenant 36 garçons et 35 filles ! Les marabouts enseignent l'arabe, tandis qu'un professeur de l'école à Thiagale enseigne les mathématiques et d'autres matières en français.

Pendant ce temps, à son étal de cordonnier au coin d'une rue de Saint-Louis, Cheikh continue de nouer des liens avec des talibés de la région de Mbaye Aw et de collaborer avec les familles des enfants et leurs marabouts pour ramener le plus grand nombre possible dans leurs villages et les y enregistrer dans une des écoles. La dernière photo de ce rapport montre l’un des nombreux groupes de ces enfants. Cheikh a rapporté cette photo chez lui dans son village et l’a montrée aux familles des enfants et expliqué comment il avait retrouvé leurs fils la nuit dans la rue. Deux des familles se laissèrent convaincre et acceptèrent que leur fils retourne à la maison.

Lors d'une récente visite de Cheikh au centre de Maison de la Gare, notre administratrice, Adama Diarra, a déclaré : « S'il y en avait une vingtaine d’autres comme Cheikh au Sénégal, il n'y aurait plus de talibés mendiants. »