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Le coronavirus laisse les enfants talibés mendiants sans nourriture
TweeterLe confinement et le couvre-feu compliquent tragiquement la vie de milliers d'enfants. Sans personne dans les rues, il n'y a pas d'aumône.
« La situation est explosive » exclame Issa Kouyaté.
À Saint-Louis, vous ne pouvez normalement pas faire un pas sans trébucher sur un enfant en haillons
quêtant de la monnaie pour se nourrir. Cependant, depuis l'arrivée de Covid-19, tout a changé.
Les mesures prises par le gouvernement pour tenter de contenir la propagation du virus et la peur
qui commence à se propager au sein de la population ont fait en sorte que les gens restent chez eux.
Des milliers d'enfants talibés mendiants se retrouvent sans accès à la nourriture. Les familles
des régions reculées du pays ont exigé le retour au foyer de leurs enfants, mais l'interdiction par
le gouvernement de voyager entre les différentes régions du pays empêche cela.
Lorsque cette crise est arrivée au Sénégal pour la première fois, Maison de la Gare a réagi
rapidement en fermant son centre et en dispensant du savon, du désinfectant et des instructions
d'hygiène aux enfants
de leurs daaras. Nous en avons rendu
compte le mois dernier. Cependant, nous
avons vite compris que cela ne suffisait pas. Les enfants n’ont rien à manger et nous avons engagé
toutes nos ressources pour les nourrir.
Nous fournissons désormais chaque jour des repas nutritifs à plus de 1 500 enfants talibés
dans leurs daaras.
Comment est-ce possible ? C'est grâce aux femmes courageuses et dévouées des Ndèye Daaras, les
« marraines » de chaque quartier de Saint-Louis qui se sont engagées à répondre à la situation
désespérée des enfants talibés. Nous travaillons avec des groupes de
ces femmes incroyables
dans chacun de dix quartiers de Saint Louis, dont l’Île nord et l’Île sud, Pikine, Balacoss,
Ndiolofène, Darou, Diamimar, Médina Course, Eaux claires et Léona.
Dans chacun de ces quartiers, les femmes cuisinent chaque jour pour les enfants des quatre à
sept daaras situés à proximité de leur base. Chacun de ces daaras a généralement de 30 à 70
enfants, de sorte que cette aide parvient à de nombreux enfants. Nous fournissons des fonds
au début de chaque semaine pour que les femmes puissent faire les courses. Elles sont très
efficaces dans ce domaine, demandant aux vendeurs du marché leur soutien pour les enfants
dans le besoin. Beaucoup répondent généreusement, ce qui contribue à étendre plus
loin notre action.
La nourriture est distribuée aux enfants dans les grands bols en acier inoxydable qui sont
couramment utilisés pour les repas en commun au Sénégal.
Avec ce programme en cours, nous avons pu accorder plus d'attention à la sensibilisation
à l'hygiène pour les enfants et pour toutes les personnes impliquées. Les apprentis de
notre programme de couture dans notre centre ont travaillé de longues heures à fabriquer
des masques ; plus d'un millier de ceux-ci ont été distribués.
Nous sommes profondément reconnaissants à tous ceux qui ont réagi
à cette situation en
soutenant d'urgence nos efforts. Nous avons reçu des subventions d'urgence du Global
Fund for Children et de GO Campaign qui nous permettront de continuer pendant plus de
cinq semaines. De nombreux donateurs individuels se sont également manifestés pour nous
aider à poursuivre cet effort. Et d'autres organisations à Saint-Louis ainsi que la
mairie commencent à adopter ce modèle dans les quartiers et les daaras que nous
n'avons pas pu atteindre.
Merci tout le monde. Le combat continue.