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Plus qu’une excursion – La porte aller sans retour
TweeterLes victimes talibés d’une forme contemporaine de l’esclavage rendent visite à l’île de Gorée
Arouna Kandé, talibé aîné et Adjoint à
l’administration de Maison de la Gare, a préparé ce rapport de la visite émotive d’une
trentaine d’enfants talibés à l’île de Gorée le 31 décembre 2014. Arouna écrit : « Les
Portugais, les Français, les Hollandais, les Espagnols et les Anglais contrôlaient le
commerce des esclaves.
Leurs produits ont été échangés sur les comptoirs contre des
esclaves fournis le plus souvent par les rois africains. Les bateaux bien remplis se
dirigeaient vers le Nouveau Monde, beaucoup d’entre eux de l’île de Gorée. La
traversée de l'Atlantique était une terrible épreuve; elle pouvait durer de quatre
semaines ou plus. Les esclaves étaient enchaînés dans des cales entassées comme
sardines, marquées au fer rouge. Une fois arrivés en Amérique, ils ont été vendus
aux enchères. Le produit de la vente permettait aux Européens de se procurer dans
les champs des plantations le café, le tabac, le coton et la canne à sucre. Cette
visite nous a montré que l'Afrique a connu un grand défi avant l'indépendance. »
Arouna s’est entrevu avec sept des enfants qui ont participé à la visite, et nous présente ici leurs contes.
Karfa Kandé, 13 ans (Daara Sérigne Thiam) - «Quand le Marabout
m’a admis dans
la liste des talibés qui doivent aller à Dakar pour la visite de Gorée,
cela m’a étonné parce que je ne pensais jamais aller vers la capitale un jour. En
route je n’ai pas dormi. Tout au long du chemin je regardais les habitations et les
forêts dans le noir. Arrivé à Dakar, mon cœur a commencé à battre plus vite parce
qu’on montait dans un bateau et en face il y’avait la mer et c’était tellement grand
que je me disais dans ma tête, « Où est-ce qu’on nous amène comme ça ? »
Arrivé sur
l’île de Gorée, il n'y avait personne; c’était comme dans un rêve. Nous étions tous
regroupés en attendant que les gens se réveillent. Par la suite, j’ai compris le but
de la visite à la Maison des esclaves.
Il y avait des chambres vides, mais Issa a expliqué
la signification de ces chambres vides. Pourquoi les gens voulaient-ils être vendus
par les Toubabs (les blancs) ? Comment les vendaient-ils ? »
Oumar Mballo, 19 ans (Darra Thierno Harouna Kandé) -
«C’est le 31 décembre 2014
que nous sommes partis visiter l’île de
Gorée. Nous avions quitté Saint-Louis aux environs de 1h30 du matin et on
est arrivé à Gorée à 4h du matin. Après avoir passé la nuit, on s’est réveillé
à 7h pour aller visiter la Maison des esclaves et on a pris le bateau pour y
traverser. Arrivé là-bas, on a pris le petit déjeuner en compagnie de nos
camarades et de notre président d’association.
Après notre visite, on a pu découvrir beaucoup de choses sur l’histoire de
la Gorée, par exemple comment vivaient les esclaves, où on les a rassemblés
et là où on garait le bateau qui constitue le point de départ des esclaves
pour les acheminer vers l’extérieur. Mais également on a vu des monuments
qui nous montrent la maltraitance et la souffrance de ces derniers. On a
visité aussi les chambres là où demeuraient les esclaves de dix à quinze
personnes par chambre tout en séparant les femmes, les hommes et les enfants.
On a appris aussi du responsable de la Maison comment les blancs traitaient
les esclaves.
Cette visite nous a permis d’apprendre beaucoup de choses que
nous ne savions pas sur Gorée ainsi que sur l’histoire du Sénégal plus
particulièrement celle de l’esclavage.
Après cette visite nous pouvons dire que Gorée est une ville pleine d’histoire
comme Saint-Louis, mais la différence est que quand on parle de Saint-Louis
on fait allusion à l’arrivée des blancs dans cette ville qui est devenue la
première capitale du Sénégal alors que Gorée est une ville qui nous rappelle
de mauvais souvenirs par exemple la souffrance, la douleur qu’à subi notre
société avant l'indépendance. »
Idrissa Diao, 15 ans (Darra Thierno Mansour Baldé) -
« C’était la première fois
que j’allais à Gorée. J’ai vu beaucoup de choses
que je n’avais jamais vues. Le paysage est beau et on a découvert beaucoup
de choses sur l’île de Gorée : les monuments, les chambres des esclaves et
la porte aller sans retour des esclaves.
Mais également
on nous a parlé des
conditions que vivaient ces esclaves, maltraités par les blancs. Cette visite
nous a permis de savoir beaucoup de choses sur l’histoire de la traite négrière
et plus précisément celle des esclaves. »
Amadou Sow, 16 ans (Daara Thierno Assane Sabaly) -
« Cette visite à Gorée a
été une grande réussite dans notre vie sociale,
car elle nous a permis de découvrir beaucoup de choses sur l’histoire de
notre pays et plus particulièrement celle de la traite des esclaves ainsi
que de leurs vécus dans des conditions des plus précaires.
Mais également durant cette visite on a pu découvrir les monuments qui nous
montrent la maltraitance de ces derniers et leur point de départ pour aller
en Europe et aux États-Unis. »
Ousmane Bâ, 8 ans (Daara Serigne Thiam) - « Quand on
entend Dakar,
on pense que les voitures roulent dans le ciel et que dans le
ciel aussi, il y a plein d’avions. Les constructions sont grandes, il y a
des policiers dans la ville
et les routes sont grandes. Nous sommes entrés
dans un bateau pour aller dans un endroit comme un autre pays. Il n'y
avait personne dans
les maisons. Les gens ne parlaient pas. On est entré
dans une maison où il n'y avait personne, les chambres n’avaient pas de
lits, pas de télé, pas de toilettes. On a vu une statue qui parle avec un
sabre à la main. C’était comme dans un film. »
Ousmane Diagne, 14 ans (Darra Serigne
Seck) - « La fin décembre, je
suis allé à Gorée. On a pu apprendre tellement de choses sur
l’histoire du Sénégal comme la traite des esclaves et le sort des esclaves.
Ce voyage nous a aussi permis de mieux vivre dans notre avenir. Et c’est
à partir de cette découverte que j’ai pu même aller jusqu’au palais du
président de la République du Sénégal. »
Souleymane Ndiaye, 20 ans (Darra Thierno Ndiaye) -
« C’était un jour
inoubliable lors de ma visite à Gorée. Je n’étais jamais
allé là-bas, mais, grâce à cette visite, j’ai eu l’occasion d’apprendre
beaucoup de choses. On nous a montré les chambres des esclaves pour les
hommes, les femmes et les enfants. On nous a parlé aussi des choses très
importantes sur les esclaves, par exemple les chaînes qu’on leurs mettaient
au cou et aux chevilles pour les attacher. Il y avait aussi une petite
porte qu’on nomme la porte aller sans retour que les esclaves passaient
pour aller en Amérique. Je suis vraiment très content de cette visite,
car il m'a fait savoir tellement de choses sur l’île de Gorée et aussi la
traite négrière des esclaves. »