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Maison de la Gare : L'avenir des enfants-talibés
TweeterL'odyssée personnelle de Sonia LeRoy
J'ai fait des voyages à Saint-Louis, au Sénégal, depuis 2010
en tant que volontaire et partenaire de Maison de la Gare.
Mon père et moi le faisons ensemble. Il est un
scientifique et chef d'entreprise à la retraite, et je travaille comme un planificateur financier s’occupant
de l'élaboration de stratégies de retraite et de la gestion des risques pour des clients canadiens. C’est
loin d’être évident que nous avons eu les compétences requises pour avoir quelque chose à offrir aux enfants
forcés à mendier pendant des heures chaque jour dans un pays loin de chez nous. Mais, nous continuons à
retourner ; il y avait toujours quelque chose de plus que nous savions que nous pouvions faire pour aider.
En 2012 ma fille-adolescente s’est jointe à nous aussi en tant que volontaire. Je planifie actuellement
mon sixième voyage pour servir les enfants de la Maison de la Gare, de nouveau avec mon père et ma fille.
J’ai cru que mon premier voyage au Sénégal serait ma seule et unique occasion de contribuer d'une certaine
façon à la Maison de la Gare et les enfants- talibés. Nous avons apporté des fournitures médicales et
scolaires. Nous avons visité les daaras pour fournir des soins médicaux, j'ai enseigné quelques cours
de français, j'ai aidé à apporter des améliorations au centre, et j'ai essayé de montrer aux enfants que
je les vois comme précieux et respectés.
Mais je n'avais pas été préparée pour le sentiment accablant à être totalement présent et vivant que mes
interactions avec ces beaux enfants résilients m’ont donné. Je m'attendais à donner, pas de recevoir.
Et, je ne pouvais pas prévoir comment la grâce et la dignité avec lesquelles ces enfants abordent les
défis de leurs circonstances incroyablement difficiles auraient m’inspirer.
Tellement d'enfants qui mendient dans les rues, mal vêtu et souvent aux pieds nus étaient d'un âge de
mon fils et mes neveux. J'ai été abattue par le sentiment que, sans la grâce de Dieu, ceux-ci pourraient
être mes propres enfants.
Je sentais que la chance d'être née au Canada dans une famille nourricière
avec toutes les possibilités
d’être éduquée et de bâtir une bonne vie, isolée de défis qui existent ici,
ne me donne pas un meilleur droit à une telle vie que ces enfants avaient également. C'était la chance.
Et, les possibilités que Maison de la Gare offre à ces enfants me donnent de l’espoir ; elle pourrait
être leur chance.
Je ne pouvais pas faire de l'aide une seule fois et puis oublier ces beaux visages et la possibilité
qu'ils puissent avoir un avenir couronné de succès si seulement on pouvait les offrir aussi la possibilité.
Je savais que je serais de retour.
J'ai appris d’Issa Kouyaté, le fondateur indomptable de Maison de la Gare et sa force motrice, de la
complexité de la situation de la mendicité forcée au Sénégal. Il a partagé avec nous sa vision pour
Maison de la Gare et sa mission de donner de l'espoir et des possibilités aux enfants pris au piège
dans une
vie de mendicité forcée, tout en travaillant toujours pour mettre fin un jour à la mendicité
forcée au Sénégal. J'ai décidé de trouver un moyen de soutenir Issa et Maison de la Gare et de contribuer
à la réalisation de sa vision unique et importante.
Lors des visites subséquentes, nous avons appuyé Issa pour la réalisation de sa vision. Il a décrit son
espoir d’avoir
un programme d’apprentissage pour les enfants plus âgés qui ont peu d'espoir d'entrer
dans le système d’éducation formelle. Nous avons trouvé les bailleurs de fonds, et plusieurs machines
à coudre furent bientôt en action. Issa voulait aussi une oasis de jardin pour le centre, que les enfants
peuvent soigner et où ils peuvent apprendre, et qui pourrait fournir de la nourriture pour le corps et
pour l’âme. Une fois que j'ai compris la vision d’Issa, j'ai pu préparer un plan de jardin avec l'aide
d'agriculteurs locaux.
Une fois que nous sommes revenus au Canada, un don généreux a permis la mise en
œuvre du plan de jardin. Lorsque nous sommes ensuite retournés à Maison de la Gare, les plants poussaient,
les arbres fruitiers prenaient racine, les premiers menthes et poivrons avaient été récoltés, et c’étaient
les enfants eux-mêmes qui l’ont réalisé. C'était leur jardin.
Puis il y avait la possibilité de construire une infirmerie avec l'aide d’une subvention de l'Ambassade
du Canada au Sénégal. Une telle infirmerie a également fait longtemps partie de la vision d’Issa. Nous
avons aidé avec la demande de subvention, et un architecte à Ottawa a fourni les plans requis à la
dernière minute comme un don au projet. Nous sommes retournés à Saint-Louis au moment où la construction
de l'infirmerie s’achevait. Les enfants-talibés m’ont regardée aider à peindre les murs et puis,
tranquillement, ils ont ramassé les pinceaux pour aider. Ils ont pris une telle fierté dans la peinture
avec soin et précision des couleurs vives. Il était clair qu'ils ont compris que cet endroit était pour eux.
Avec l’arrivée chaque jour de plus en plus d’enfants pour les classes, pour être nourris, pour des soins
médicaux et des tournois de football,
le besoin de financement a élargi. Global Fund for Children,
GlobalGiving et le Fonds des Nations Unies pour la lutte contre les formes contemporaines d’esclavage
sont devenus les partenaires précieux. Nous sommes devenus plus efficaces à la collecte de fonds, et
les volontaires de loin ont commencé à venir en nombre, tout le monde touché par la résilience et l'espoir
de ces enfants formidables.
Lors d’une autre visite, la première de ma fille, notre objectif était d'aider Maison de la Gare à
développer la bibliothèque qui a été rendue possible par un don généreux de la Suède. Cette fois, nous
sommes arrivés avec des livres dans nos bagages à la place des médicaments. Ma fille a invité les
enfants-talibés à s'impliquer avec l’organisation des nouveaux livres. Puis, elle leur a montré comment
configurer une adresse gmail et écrire un email. Elle les a connectés avec des étudiants à son école à
Ottawa au Canada,
et une nouvelle fenêtre sur le monde a été ouverte pour ces enfants de deux mondes
très différents.
Mes relations personnelles avec certains des enfants-talibés ont approfondi considérablement, grâce à
des messages email, Facebook et Skype vidéo. Chaque jour, je pense à eux. Je me demande si Arouna est
en mesure de trouver suffisamment de temps et de calme dans sa longue et dure journée pour terminer ses
devoirs? Mamadou, a-t-il eu de succès avec la nouvelle récolte de melons dans le jardin? Qui savait que
Souleymane a la voix d'un ange (je l'ai vu affiché sur YouTube)? Est la douleur d’Oumar assoupie à la
suite de la perte de son père, puis sa maison et le reste de sa famille? Est-ce que Kalidou assiste
aux cours? Comment est-ce que les deux petits garçons de quatre ans qui sont toujours ensemble, main
dans la main, s'adaptent à la mendicité forcée et à l’absence de leur famille? Qui a pu jouer dans
l’équipe de foot de Maison de la Gare cette semaine? Sont-ils heureux? Sont-ils en bonne santé?
Les enfants-talibés de Maison de la Gare ne sont jamais loin de mon cœur. Je suis reconnaissant
chaque jour du dévouement d’Issa Kouyaté, et de toute l'équipe de la Maison de la Gare. Grâce à
eux, ces enfants ne sont pas seuls et ils n'ont pas seulement l'espoir d'une vie meilleure, ils
ont une famille après tout.