MDG actualités
Samba ... en fugue
TweeterUn adolescent vulnérable trouve sa vocation avec le programme d’apprentissage agricole
Au cours de l'année 2016, Maison de la
Gare a pris en charge un total de 342 enfants et adolescents trouvés vivant dans la rue
lors des rondes de nuit. Chaque cas est différent
et demande un suivi
différent. Issa Kouyaté raconte ici une de ces histoires.
_________
« Lors d’une ronde de nuit, le jeune Samba
a été pris par l’équipe de maraude de Maison de la Gare aux abords du marché de Sor. Il
était 2h du matin quand notre équipe, constituée d’une dizaine
de personnes toutes munies
de torches, a débarqué à l’improviste. Il s’agissait là d’une maraude que nous faisons
comme d’habitude entre minuit et 4h le matin.
Samba de son vrai nom est un talibé qui vient de la région de Tambacounda. Il venait
d’avoir dix-sept ans à cette époque, mais il ne paraissait pas son âge ; il semblait plus
jeune. Au lendemain de son retrait de la rue par l’équipe de maraude, l’enquête a révélé
que Samba était un récidiviste.
Samba était déjà allé à l’école et pouvait lire et écrire, mais sa mère avait pris la
décision de l’envoyer à un daara, loin de sa ville natale, pour qu’il acquière des
connaissances religieuses.
Ce que le jeune Samba n’a pas pu supporter, d’autant plus
qu’il voulait apprendre la langue française et avoir des diplômes comme ses camarades.
Son père avait divorcé de sa mère depuis son jeune âge, et avait pris une autre femme.
Après ce divorce, il ne s’occupait plus de ses enfants et, par la suite, il avait quitté
le domicile conjugal avec sa deuxième femme. Samba qui était mal soutenu par sa mère
avait pris la fuite avec des jeunes du village pour aller s’installer dans la ville de
Tambacounda. Par la suite, il a quitté Tambacounda, aidé par sa
mère qui ne pouvait
plus le gérer, pour venir s’installer à Saint-Louis dans son daara.
Après avoir fini l’école coranique, Samba a voulu continuer l’école française, ce qui
n’a pas été du goût de son maître coranique. Il a commencé depuis lors à fuguer et à
être rattrapé par les jeunes de son daara. De nombreuses fugues du daara ont fait de
Samba un jeune à problème.
Son instabilité a poussé Maison de la Gare à l’insérer dans un programme qu’il a choisi
de son plein gré. Il a auparavant travaillé dans les champs avec son frère aîné pour
aider son grand-père
et ces connaissances dans l’agriculture l’ont amené à choisir la
terre comme base de ressource. Il a si bien performé au cours de son expérience dans
l’horticulture que nous l’avons inséré avec d’autres jeunes à problème, avec un
programme de notre partenaire Association Jeunesse Espoir.
Par ailleurs, nous avons fait une première approche avec sa famille dans le village
de Koungheul pour un retour programmé, mais sa mère a répondu par la négative, disant
qu’elle n’est plus en mesure de s’occuper
de son fils.
Samba est depuis lors sous la charge de Maison de la Gare qui s’occupe de son
insertion à l’école, mais aussi de son expérience dans l’horticulture qu’il devra
commencer sous peu dans l’espace agricole de Maison de la Gare à Bango.
Il y a beaucoup de jeunes qui finissent dans la déperdition sociale à cause des rejets
familiaux. C’est pour cette raison que Maison de la Gare, animée par une volonté de
stabiliser les enfants en situation de vulnérabilité, devra veiller à la durabilité
de ses suivis. »
_________
Nous sommes reconnaissants à l'Union européenne et à tous nos autres donateurs pour
le soutien financier qui a rendu possible nos rondes de nuit régulières, donnant
espoir d'un avenir sûr et productif à de nombreux jeunes dans des circonstances
désespérées.