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Kalidou
TweeterUne histoire de réussite talibé
Sonia LeRoy connaît Kalidou
depuis 2010. Elle l'a interviewé récemment, et partage ici ce rapport:
« L'histoire de Kalidou avec Maison de la Gare a commencé en 2008. Il
devait avoir 6 ou 7 ans à l'époque, il n'en est pas sûr.
Kalidou et ses deux frères aînés, originaires de Kolda dans la région de
Casamance, ont été envoyés à Saint-Louis auprès d'un marabout pour devenir
talibés afin d'apprendre le Coran. À Saint-Louis, ils mendiaient pour leur
propre survie ainsi que pour un quota d'argent pour leur marabout. La sœur
cadette de Kalidou est restée dans le village avec ses parents. Les membres
de sa famille sont des agriculteurs, et il se souvient que leur vie était
très dure.
L'année dernière, Kalidou est retourné dans son village pour la
première fois depuis son départ en 2008 ; ses frères aînés, eux, sont
rentrés en 2011. Kalidou avait fini sa mémorisation du Coran et c'est la
coutume de retourner dans son village à cette occasion. Kalidou dit de
cette visite qu'il ne reconnaissait personne d'autre que sa mère, et que
personne ne le reconnaissait non plus.
Quand Kalidou a vu comment son village et les personnes qu'il y connaissait
avaient changés, et à quel point la vie y était difficile, il s'est rendu
compte que c'est à Saint-Louis qu'il se sent chez lui et que Maison de la
Gare est sa famille. Néanmoins, il continuera à envoyer de l'argent à ses
parents quand il le pourra et garde espoir de pouvoir un jour
amener sa mère
et son père à Saint-Louis pour vivre avec lui. Il ne sait pas comment ses
parents pourront survivre autrement étant donné que son père vieillit et
qu'il n'a plus la capacité physique qu'exige la vie difficile d'un
agriculteur. Kalidou espère également épouser une fille de Casamance (du
choix de ses parents) et l’amener chez lui à Saint-Louis.
Quand Kalidou est arrivé à Saint-Louis la première fois, il a eu la chance
de rencontrer Issa Kouyaté et Maison de la Gare. Il fréquentait des cours
de français aux lieux originaux de Maison de la Gare, dans l'ancienne gare
à proximité du pont Faidherbe.
Ma sœur Lisa et une autre bénévole, Zoë, ont rencontré Kalidou à Maison de
la Gare dans l'ancienne gare en 2008 quand ils y enseignaient le français.
Chaque fois que je retourne à Saint-Louis, Kalidou me demande si j'ai des
nouvelles de Zoë. Il se souvient d'elle affectueusement comme de son
premier enseignant, et il pense à elle et s'ennuie d'elle encore aujourd'hui.
L'année dernière, j'ai suggéré à Kalidou de lui envoyer un message vidéo.
Il a préparé ses remarques pendant des jours, en réfléchissant attentivement
à ce qu'il voulait lui dire. Kalidou est timide, mais envoyer à Zoë une
salutation était clairement très important pour lui.
Kalidou reste timide et humble encore aujourd'hui. Mais, sa confiance
augmente. Il est membre de l'Association Maison de la Gare. Lors de la
récente assemblée générale, lorsqu'il a été appelé à commenter, il s'est
adressé aux nombreuses personnes présentes avec éloquence.
Kalidou a appris le français et un bon anglais aux cours offerts par
Maison de la Gare. Il y a plusieurs années, Maison de la Gare lui a
offert la possibilité d'apprendre la couture et, plus récemment, d'être
apprenti en tant que tailleur. Depuis un an, il travaille avec le
tailleur Baka, chez Baka Fashion. Baka me dit que
Kalidou devrait
compléter son apprentissage d'ici à peu près un an et être prêt à devenir
un tailleur indépendant. En effet, Baka dit que Kalidou pourrait
commencer sa transition et gagner de l'argent s'il disposait d'une machine
à coudre chez lui. Kalidou dédie environ trois heures par jour à son
apprentissage.
Lorsqu'il finit son travail à Baka Fashion, Kalidou visite son daara pour
étudier le Coran avec son marabout, Serigne Mansour. Bien qu'il ait déjà
mémorisé le Coran, il sent encore qu'il a beaucoup à apprendre pour être
un bon musulman. Personnellement, je pense qu'il est déjà l'un des
meilleurs que j'ai rencontrés.
Après ses études dans son daara, Kalidou vient à Maison de la Gare où
il enseigne l'anglais. Il passe également le week-end avec Maison de
la Gare, aidant autant qu'il peut. Il est un exemple pour les autres
talibés et démontre par son exemple qu'il y a de l'espoir que des
talibés puissent de façon réelle aspirer à une vie meilleure.
Lorsqu'on lui demande ce que Maison de la Gare signifie pour lui,
Kalidou dit qu'on l'y a vraiment aidé à apprendre l'anglais et le
français et que Maison de la Gare lui a permis de rester à Saint-Louis
et de se préparer pour un métier. À Maison de la Gare, Kalidou dit:
"Merci pour ma vie. Elle est bonne." »