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Trois filles à Maison de la Gare
TweeterArouna, talibé et adjoint à l'administration à Maison de la Gare, raconte l'expérience des lycéennes canadiennes enseignant ses confrères talibés
« Alicia, Katherine et Rowan sont de
jeunes collégiennes qui étudient au Canada dans la ville d’Ottawa. Alicia, âgée de 15 ans,
étudie à Glebe Collegiate tandis que Katherine, âgée de 16 ans, et
Rowan qui a 17 ans
étudient au Collège Ashbury. Les trois sont venues au Sénégal le mois de mars, plus
précisément à Saint-Louis, pour visiter notre centre qui est Maison de la Gare.
Ces trois jeunes filles étaient accompagnées par le père de Katherine (Martin) et les mamans
de Rowan (Sonia) et d'Alicia (Karen). Elles ont passé neuf jours avec nous à Maison de la
Gare. Mais également elles ont visité la ville de Saint-Louis et, au cours de cette visite,
elles ont rencontré les enfants talibés qui mendient dans la rue. Ces derniers vivent dans
des conditions extrêmement difficiles, marchant dans la rue pieds nus, vêtus de loques,
uniquement pour chercher de quoi verser à leurs marabouts.
La majeure partie de ces talibés
sont âgés de 5 à 15 ans. Ils sont issus de familles pauvres et très éloignés de la ville,
venant de tous les coins du Sénégal et des pays voisins (Casamance, Gambie, Guinée-Bissau,
Guinée, Mali, etc.). Au lieu d'enseigner le Coran ou de donner aux enfants talibés une
bonne éducation, ces marabouts les utilisent pour s’enrichir et les enfants talibés sont
obligés de vivre dans des conditions très précaires comme des maisons abandonnées sans
accès à l’eau et
à l'électricité, ce qui cause de graves problèmes pour l'alimentation et
met gravement en danger la santé de ces enfants.
Les premiers jours que les jeunes filles canadiennes ont passé à Maison de la Gare étaient
un peu difficiles. Nous ressentions même de l’inquiétude dans leurs visages, car elles ne
connaissaient pas ce genre de situation. Elles se sentaient un peu mal pour les enfants.
Et elles ne comprenaient pas ce que les gens disaient sur le contexte de la culture
africaine. Leurs objectifs étaient de transmettre du savoir à ces enfants et de
participer à leur développement et à leur bien-être
ainsi que de lutter contre la
maltraitance des enfants.
Les premiers jours, elles ont commencé à faire de l'animation, des jeux dans la cour du
centre, et cette initiative a bien réussi en établissant un lien de confiance avec les
jeunes. Leur bonne volonté est devenue très évidente pour tout le monde. Trois jours
passés au centre, les trois filles ont commencé à discuter avec les enfants de leur
condition de vie et d'autres sujets, fortement aidées par l'enseignant Abdou Soumaré et
par certains des talibés aînés. Elles donnaient les cours d’anglais aux grands talibés.
Karen et Sonia restaient à côté d’elles pour les guider et, de l’autre côté, Martin
jouait le rôle de grand-père
de ces dernières. À l'extérieur de la salle de classe, les
trois filles lisaient régulièrement des livres aux enfants, dans la cour et dans la
bibliothèque. Comme les enfants partout dans le monde, les talibés adorent les histoires
et s'identifient avec grand enthousiasme aux livres bien illustrés. Ils venaient en
grand nombre écouter les filles raconter des histoires. Katherine a su partager une
compétence spéciale, la création d’oiseaux en origami, et beaucoup d'enfants ont été
fascinés par la magie
de cet art. Et pour célébrer l'anniversaire d'Issa, les trois
filles ont réussi à enseigner à chanter «Happy Birthday» en anglais aux enfants
entassés dans la bibliothèque !
Malgré les conditions néfastes dans lesquelles vivent les talibés, ces enfants trouvent
toujours le sourire et oublient leurs problèmes de vie. Ils sont très ouverts aux gens
qui les traitent avec respect, et beaucoup d'entre eux sont très vite devenus bien
attachés avec Rowan, Katherine et Alicia.
Cette visite à Maison de la Gare a permis à Rowan, Katherine et Alicia d’apprendre
beaucoup de choses par rapport aux enfants talibés et même sur la culture sénégalaise.
Elles ont appris qu’il y a des milliers de jeunes qui souffrent à cause de la mendicité
ou la pauvreté. Ce voyage leur a permis aussi à mieux comprendre la complexité de ce
qui se passe au Sénégal. Pour faire face à ce fléau, ces jeunes talibés ont besoin
d’aide, de protection
et de lutte soutenues contre cette maltraitance. Mais également
l'appui des centres d’accueil comme celui de Maison de la Gare afin qu’ils puissent
avoir un avenir meilleur.
Pour conclure, au nom de tous les talibés et de Maison de la Gare, nous vous remercions,
Rowan, Katherine et Alicia, pour cette visite et pour votre engagement envers les
talibés. Mais également, chapeau au Collège Ashbury d’Ottawa qui a choisi de donner
à leurs élèves la possibilité de venir au Sénégal afin de nous rendre visite et de nous
soutenir. Et, pour terminer, nous faisons appel à tout le monde pour lutter contre la
mendicité et la maltraitance des enfants talibés qui sont eux l’avenir de notre société.
Stoppez la mendicité de nos frères. »