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Un vendredi matin au centre de Maison de la Gare




























Observations réconfortantes d'un partenaire canadien, prises sur le vif


Ceci est un rapport imprévu. Je reviens d'un séjour à Saint-Louis. Lors de mon premier matin au centre de Maison de la Gare, j'ai été étonné de voir 124 enfants talibés arriver au cours de seulement quelques heures. Ils ont lavé leurs vêtements, pris des douches, arrosé le jardin, reçu des soins pour diverses coupures, contusions et autres petits problèmes médicaux, lu des livres dans la bibliothèque et ont pour la plupart profité de ces moments de délassement. Plus tard dans la matinée, environ trente d’entre eux se sont préparés pour l’un de leurs trois cours de karaté par semaine. Tout semblait si paisible pour eux, dans ce refuge, libres de leur mendicité quotidienne, un endroit où ils peuvent être soignés, prendre soin d'eux-mêmes et, pour beaucoup d'entre eux, découvrir des possibilités d’une vie plus riche.

J'ai commencé à prendre des photos et bientôt je me suis rendu compte que cette scène paisible était en soi une histoire qui se devait d’être racontée. Les programmes d'envergure de Maison de la Gare, en particulier les cours d'alphabétisation et de mathématique, ont lieu en après-midi lorsque les trois enseignants sont présents pour enseigner jusqu'à 50 enfants chacun. Cependant, de plus en plus d'enfants viennent au centre le matin pour prendre une pause pendant leur mendicité, pour se sentir pris en charge et sécures pendant quelques heures.

Ce vendredi matin là j'ai vu les enfants arriver un à la fois, arrêtant pour donner à Noël ou Abdou leur nom et celui de leur daara. D'une certaine manière, cet enregistrement de présence est une chose très rassurante pour eux, leur démontrant ainsi qu’on les respecte et qu’ils ont leur importance en tant qu'individus.

Après leur arrivée, de nombreux enfants se dirigent rapidement vers les douches et les toilettes ainsi que vers le grand bassin où ils peuvent laver leur linge. D'autres trouvent un endroit confortable pour se détendre. Bathe, le responsable des activités, garde un œil sur tout le monde et donne un coup de main où il le faut. Binta, l’une des infirmières du centre, est toujours disponible les matins dans l'infirmerie pour soigner les enfants qui se présentent en grand nombre avec toutes sortes de petits bobos. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire quand deux jeunes talibés se sont mis énergiquement à aider Bina en balayant la poussière et le sable accumulés pendant la journée.

D'autres enfants se sont trouvé un rôle en aidant Bathe dans le jardin, s'occupant de l'arrosage des nouveaux plants de poivrons. Beaucoup d'autres se trouvaient dans la bibliothèque, découvrant des livres et faisant des connexions sur l'Internet. Vers onze heures du matin, les enfants impliqués dans la formation en karaté ont commencé à se préparer dans leur gi, leurs tenues blanches de karaté, et bientôt une trentaine d'entre eux faisaient leurs katas avec diligence sous la supervision d'un sensei junior tandis que de nombreux autres enfants regardaient.

Des enfants ne cessèrent de venir et de partir pendant toute la matinée, leurs bols de mendicité à la main, bien à l'aise dans ce refuge loin de leurs dures vies dans les rues. Maison de la Gare ajoute une riche et nouvelle dimension à leurs vies difficiles, et leur offre une lumière d'espoir pour un avenir meilleur.