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Enfants talibés découvrent leur histoire


































Sonia LeRoy raconte l'histoire d'une balade en calèche autour de Saint-Louis qui est devenue une fenêtre sur le passé


Maison de la Gare est un lieu où les enfants talibés ont la possibilité d'apprendre ainsi que de profiter tout simplement d'être des enfants tout en étant apprécié en tant qu’individus uniques qu'ils sont. Cela s'est manifesté récemment d'une manière unique pour les enfants mendiants des rues de Saint-Louis.

Un groupe de lycéennes canadiennes, chacune accompagnée d’un parent (dont j’étais moi-même l’un d’entre eux), a organisé une excursion unique pour les talibés de la Maison de la Gare. L'excursion était à la fois une sortie de détente loin des épreuves quotidiennes de leur mendicité forcée, tout en étant en même temps une occasion de créer des liens avec les volontaires et aussi de profiter de cette sortie en visitant des sites historiques locaux. Et ces talibés ont appris beaucoup - pour plusieurs d’entre eux, pour la première fois - sur l'histoire et le patrimoine de la ville dans laquelle ils vivent.

Initialement, il était prévu que seize enfants talibés, leur enseignante Bouri Mbodj et les bénévoles participeraient. Lorsque notre groupe s'est réuni au centre de Maison de la Gare avant de se diriger vers le point de départ sur l'île de Saint-Louis, le nombre de talibés intéressés était passé à vingt-six. Le long de notre parcours, quelques autres talibés de Maison de la Gare se sont joints au groupe tant et si bien qu’au moment où nous nous apprêtions à monter dans les calèches pour commencer la tournée, nous en étions rendus à trente-cinq. Et vers le début de la tournée, deux autres traînards ont sauté dans les calèches. Seules quatre calèches avaient été réservées pour vingt-trois personnes. Cependant, tous les 35 s'entassaient joyeusement dans les calèches, avec les petits juchés sur les genoux des adultes et des adolescents. Seuls les chevaux, qui ont dû travailler dur, étaient mécontents de la situation.

Lorsque nous sommes partis pour notre tour, nous comportant comme des touristes, les passants étaient bouche bée en réalisant que c'était principalement des talibés à bord, certains sales et pieds nus, mais avec des sourires radieux émanant la fierté et le bonheur. Plusieurs nous prenaient par la main, profitant des moments de tendresse comme si c’eût été le cas pour des parents et enfants lors de sorties en famille.

À chaque point d'intérêt, le groupe a débarqué pour une leçon d'histoire. L'information a été donnée en français ainsi qu'en Wolof par notre guide attentionné, afin de s'assurer que les talibés comprennent bien. La plupart des talibés de notre groupe n'avaient jamais traversé le pont vers la Langue de Barbarie, sur le littoral; quelques-uns ne s’étaient jamais même aventurés sur l'île de Saint-Louis, restant toujours dans leur environnement familier de mendicité à Sor, à quelque 500 mètres de distance par la passerelle.

Lors d'un arrêt à un lieu historique, une vendeuse cuisinait des pâtisseries frites à base de viande et les offrait à la vente dans un étal au bord de la route. Les enfants furent ravis de recevoir chacun une pâtisserie pour le dîner.

Suite à la description qui fut faite de l'entrepôt colonial situé au bord du fleuve et qui, il y a plusieurs siècles, abritait les produits du commerce tels que l'ivoire, le caoutchouc, l'or… et les esclaves, un enfant a demandé: « C'est quoi un esclave ? ». Un silence grave et étonné est tombé sur notre groupe pendant que le guide expliquait, aussi doucement que possible, l'histoire de la traite transatlantique des esclaves au Sénégal. La plupart de ces enfants n'avaient jamais entendu parler de l'esclavage, et ils ne pouvaient pas assimiler le concept même de la barbarie qui a dominé quatre siècles de leur propre histoire. En regardant ces enfants, que les Nations Unies définissent comme des esclaves contemporains, tout en essayant de comprendre de telles horreurs historiques, je fus frappé par le peu de changement qui a eu lieu dans les faits, depuis cette période cruelle, pour ces beaux garçons talibés.