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Des partenaires internationaux indispensables
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Le développement de Maison de la Gare
a été un travail d'équipe. Des Sénégalais dévoués, inspirés et guidés par Issa Kouyaté
ont reçu l’appui de partenaires internationaux de longue date, qui ont apporté des
contributions indispensables. Issa a demandé à Bintou Niang, une stagiaire en
communication de l'Université Gaston Berger, d'interviewer un de ces partenaires et il
a également ajouté ses propres mots.
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De passage au Sénégal en 2008 pour rendre visite à sa fille cadette, qui enseignait le
français à la gare comme volontaire, Rod LeRoy a fait la connaissance d’Issa Kouyaté
qui se trouvait alors à la tête d’un organisme qui prône le bien-être de l’enfant.
Étant déjà président d’un organisme de bienfaisance au Canada, Rod s’est très vite
joint à Issa et son
équipe de dix jeunes Sénégalais œuvrant pour aider les enfants
talibés à sortir de leur calvaire.
Avec la perte de la gare, il fallait vite trouver un nouvel endroit pour accueillir
les enfants talibés, un gîte qui deviendrait la Maison de la Gare actuelle. Les deux
hommes se sont engagés à rendre meilleure la vie des enfants talibés. C’est grâce à
ses connaissances et ses partenaires au Canada et ailleurs que Rod a réussi à trouver
des fonds pour soutenir le défi d’Issa et de son équipe. Ainsi, Maison de la Gare a
été mise sur pied dans son centre d’accueil et œuvre à la protection des enfants en
situation défavorable. Elle offre maintenant des salles de classe, une salle
d’informatique, une bibliothèque une infirmerie et, depuis peu, un dortoir d’urgence
ainsi qu’un terrain agricole à Bango.
Rod nous a parlé de sa vision par rapport à la structure, disant qu’il souhaitait
réduire le nombre d’enfants mendiants, son objectif le plus ardent. Par rapport à
la responsabilité des parents, Rod renforce la vision d’Issa qui propose d’informer
et de sensibiliser les parents sur les dangers que courent leurs enfants lorsqu’ils
sont dans la rue. Rod déplore que les maîtres coraniques ne donnent pas de nourriture
aux enfants et qu’ils n’hésitent pas à battre ces derniers. Les marabouts exigent
que les enfants leur versent un quota d’argent, ce qui est déplorable.
Par rapport à l’avancement de Maison de la Gare, Rod croit que les changements
s’effectuent petit à petit.
Il y a eu beaucoup de progrès et le personnel est
visiblement engagé dans ce qu’il fait. Les enfants servis par le centre progressent
relativement bien dans la formation qu’ils y reçoivent.
Rod retient plusieurs anecdotes relativement aux enseignements qu’il a tirés de
Maison de la Gare, dont le cas d’Arouna Kandé qui l’a beaucoup marqué. En effet,
explique-t-il, Arouna Kandé avait été confié très jeune à un marabout et sauvagement
battu. Jusqu’ici le garçon n’avait pas de papiers d’identité, mais Issa a réussi à
l’inscrire à l’école formelle et, malgré plusieurs obstacles, Arouna a très bien réussi.
Rod a également parlé de la décision récente du président sénégalais Macky Sall de
mettre fin à la mendicité organisée des enfants. Rod estime que c’est une décision
à encourager et à soutenir. Il est important que l’État prenne ses responsabilités
face à cette situation. On constate, au Sénégal, un nombre énorme d’enfants talibés
à risque. Dernièrement, nous avons fait un recensement au niveau de la ville de
Saint-Louis et avons dénombré plus de 14 700 enfants talibés mendiants.
Issa ajoute ses réflexions : « J'ai connu Rod par le biais de sa fille Lisa,
qui faisait du volontariat au sein d'un organisme sur la petite enfance.
Ce que j’aimerais dire de cet homme ne pourrait pas se contenir dans un seul livre.
Il faudrait des tomes et des tomes pour vraiment définir cette personne d'une
richesse naturelle tirée
de ses expériences de vie. J'ai vraiment
eu la chance de le rencontrer au moment où je devais retourner à Dakar, ma ville
natale, et recommencer ma vie. Pour vous dire que dans la vie il n'y a pas de hasard.
Un homme disait que la vie est divisée en trois parties : le travail, le loisir et
le repos. Mais je peux vous assurer que Rod n'a que deux vies : le travail et le
travail. Comprenez mon langage. Bref, nous avons eu un échange d'idées sur ce
projet «à risque » comme il le disait, parce qu'en fait, quand je lui ai dit quelle
était ma philosophie à mettre en place un centre d'accueil pour les enfants talibés,
il avait déjà commencé à noter mes idées dans un carnet. Depuis, Maison de la Gare
est devenue une maison pour toute enfant qui se sent menacée dans la société.
Et en plus, Maison de la Gare est devenue un point de mire international et nous le
devons à cet homme d'un charisme que je peux difficilement traduire. Depuis 2008,
nous travaillons sur des projets concrets pour permettre aux personnes vulnérables
d'avoir une vie saine et stable. Cela nous a permis de stabiliser des milliers
d'enfants issus de familles défavorisées, combattre la mendicité et l'exploitation
des enfants, faire des retours en famille dans les
zones les plus éloignées, et
insérer les jeunes dans la voie professionnelle pour qu'ils deviennent autonomes.
Il y a tant d'autres projets que j'ai montés avec Rod, mais le plus important que
j'ai appris de lui, c'est de ne jamais se décourager. J'ai sacrifié beaucoup de
ma vie pour la cause des enfants talibés abusés et Rod a très bien compris ma
philosophie. Nous ne pouvons pas le remercier assez pour tout ce qu'il a fait,
lui et sa famille. Tout au moins pouvons-nous partager ses pensées et sa
générosité avec le monde entier. Je sais qu'un jour viendra, et ce jour sera le
nôtre, où tous les enfants seront pleinement considérés comme des enfants. Ce
jour où les parents adopteront leurs propres enfants, où la justice rendra compte
à la société des dangers qui les guettent à travers l'exploitation des enfants.
Ce jour où la société posera des gestes requis devant nos autorités pour les
rendre responsables du non-suivi des lois.
Je dis Merci à Rod, à sa famille et à toutes les communautés qui ont si
généreusement aidé à élever Maison de la Gare à son plus haut niveau d’action
envers les enfants talibés à risque. »