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Kalidou


































Comment peut-on permettre ce genre de chose ?


En l'observant, le voyant aller avec toute son énergie, son implication, son intelligence, sa gentillesse, on pourrait penser qu'il s'agit d'un adolescent exceptionnel. Mais il n'est pourtant qu'un jeune enfant. Nous pensions qu'il n'avait que six ou sept ans. Mais, quand Mame Diarra aborda la sujet avec lui, il dit qu'il est certain qu'il est âgé de quatre ans seulement.

Le père de Kalidou est un agriculteur de la région de Saloum dans le sud du Sénégal. La famille compte de nombreux enfants mais dispose de ressources très limitées. Ils ont envoyé Kalidou à Saint-Louis pour apprendre le Coran alors il y a à peu près un an, le confiant au marabout Lamine Kâ à son daara dans le quartier de Léona.

Kalidou ne pouvait pas tolérer les conditions de vie dans le daara. En raison de son jeune âge, il lui fut attribué un quota de mendicité de seulement 30 francs par jour, environ 6 cents US, comparativement à 300 francs à 500 francs (60 cents à un dollar) pour les garçons plus âgés. Mais les longues heures dans la rue étaient difficiles pour lui. Et le daara était sale, sans eau courante ni les moindres installations de soins hygiéniques. Le plus difficile de tout cela pour lui était d'être loin de sa famille sans contact avec aucun de ses membres ni avec d'autres adultes aptes à prendre soin de lui.

Donc Kalidou s'enfuit. Il dormit pendant plusieurs jours sur les porches de maisons et, le matin, les mères de famille lui donnèrent souvent quelque chose à manger. Les agents de police le trouvèrent et le confièrent à Maison de la Gare. Arouna, un talibé qui est membre de l’équipe de Maison de la Gare, a tenté de le ramener à son daara. Ils s'y sont rendus à pied, mais, une fois rendu tout près, Kalidou refusa absolument d'y entrer. Et ses parents ne voulaient pas le reprendre parce qu'ils croient qu'il est en meilleures mains dans le daara.

Donc, pour le moment, Kalidou vit dans le dortoir d'urgence de Maison de la Gare. Mame Diarra, la « mère » du dortoir, prend soin de lui, l’encadrant avec l'affection dont il a tellement besoin. Et tout le personnel de Maison de la Gare le traite comme un membre de la famille. Il insiste pour qu'on l'inclue dans les cours de karaté et pour participer activement à des cours de français d’Abdou. Kalidou ne veut pas être exclu de quelque activité que ce soit.

Comme beaucoup d'enfants talibés, Kalidou a un cœur d'or. Quand l’un est à court de son quota de mendicité, un autre qui en a en excès l’en fait partage. Il en est de même avec la nourriture qu'ils reçoivent. Certains bénévoles canadiens ont emmené Kalidou et un autre garçon du dortoir dans un restaurant sénégalais pour un repas simple, et ils nous ont rapporté y avoir constaté un exemple extraordinaire de cette générosité. Après le repas, les garçons voulaient apporter ce qui restait du riz, des os de poulet et autres mets. Donc le restaurant a fourni quelques petits sacs de plastique. En sortant du restaurant où ils venaient de manger, ils virent un homme sans-abri qui avait été là pendant plusieurs jours. Spontanément, Kalidou prit son sac et celui de l'autre garçon et les donna à l'homme qui commença immédiatement à manger. Des petits garçons totalement démunis, prêts à donner tout ce qu'ils ont!

Il est difficile de savoir ce que l'avenir réserve à Kalidou. Sa situation est déraisonnable. À la suite de la préparation de cet article, il est retourné dans son daara à Saint-Louis. Mame Diarra et d'autres membres de l'équipe lui rendent visite régulièrement pour lui offrir un appui émotionnel et pour s'assurer qu'il est bien traité. À plus long terme, Maison de la Gare travaillera avec la famille de Kalidou afin qu’elle accepte de le reprendre et nous les aiderons à trouver un moyen de l'intégrer. Nous croyons qu'une telle réintégration est la seule solution viable pour Kalidou.

Mais le changement doit venir un jour. Nous ne nous arrêterons pas jusqu'à ce jour-là.