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Le karaté à l'hauteur de ses promesses à Maison de la Gare



























Classes de karaté au centre de Maison de la Gare, enregistré par Issa Kouyaté la veille de Noël


Sonia relate les progrès accomplis au sein du programme de karaté


En début de l'année 2015 un jeune karatéka, ceinture noire, du nom de Robbie qui visitaient Maison de la Gare avec sa famille a instauré un programme de karaté pour les enfants talibés. Il croyait que la discipline, le comportement, la confiance en soi, le sentiment d'appartenance à quelque chose de spécial et le respect entre les adeptes, tous étant parties intégrantes de ce sport, pourraient grandement influencer les talibés d'une manière positive. Et, les compétences d'autodéfense pourraient être un avantage réel pour ces enfants vulnérables qui sont forcés de mendier dans les rues de Saint-Louis. Robbie et sa famille ont apporté plusieurs dizaines de karaté gi (komono) de son dojo au Canada et il a commencé à enseigner le karaté aux talibés. Des senseis locaux à Saint-Louis ont été engagés pour poursuivre le programme, et beaucoup d'enfants talibés de Maison de la Gare sont devenus fervents de ce sport.

Le karaté est maintenant enseigné au centre de Maison de la Gare trois matinées par semaine par les senseis d'un dojo local, Sor-Karaté Saint-Louis. En moyenne, une trentaine d'enfants talibés assistent à chaque classe, divisée en sessions pour les débutants et pour ceux qui sont les plus avancés. Tous les élèves portent fièrement leurs gi blancs et leurs ceintures pendant les classes. Beaucoup d'autres talibés s'assoient sur les côtés de l'action, curieux et peut-être s’imaginant eux-mêmes portant des propres gi. Eux aussi seront accueillis dans la classe quand ils en démontreront l’intérêt.

La majorité des talibés qui ont été enregistrés au dojo au mois de mars 2015 a progressé de manière impressionnante et sera bientôt évaluée pour avancer au rang des ceintures orange. Issmaila, un « grand talibé » qui assiste le programme des cours de karaté le matin à Maison de la Gare, a récemment obtenu sa ceinture verte. Ces « dojo talibés » poursuivent l'entraînement au dojo presque tous les soirs de la semaine. Pour certains, le karaté est devenu une passion dévorante.

Un petit garçon, Yaya, est particulièrement assidu. Il assiste aux cours de karaté à Maison de la Gare presque tous les jours. Il prend le karaté très au sérieux et apprend rapidement. Yaya porte toujours un gi avec un motif de dinosaure de couleur pourpre, et il insiste pour continuer à le porter malgré le fait qu'il est manifestement trop petit pour lui. Yaya est récemment passé à la classe supérieure. Issa Kouyaté, président de Maison de la Gare, demandera au marabout de Yaya la permission pour qu'il puisse être inscrit au dojo avec les garçons plus âgés. Plusieurs autres enfants parmi les plus assidus ont maintenant été identifiés pour l'enregistrement dans le dojo.

Samba, âgé de treize ans, a été inscrit initialement au dojo mais l'a abandonné après quelques mois. Il semble qu’il se soit blessé aux talons, ce qui l’a empêché de continuer ses pratiques. Mais, il est rétabli maintenant et vient d'être réenregistré au dojo. Samba est fier de son nouveau gi et désireux de recommencer et de rattraper les autres dojo talibés. Plusieurs des autres talibés inscrits au dojo ont commencé à s’entraîner et sont prêts pour la compétition. Cependant, on manque d'équipement, vu qu'une seule paire de gants kumite était disponible pour tous. Lors d'une visite de suivi, Robbie a rejoint les dojo talibés dans la formation et leur a offert ses propres gants. Les enfants ont bien profité de ces deux ensembles complets de gants et une série de combats d’entraînement s'en est suivie.

Les karaté talibés ont vu certaines compétitions de karaté Bo de Robbie sur YouTube, et ils veulent acquérir eux aussi cette compétence. Robbie et Mamadou ont constaté que les manches de balais du marché peuvent bien servir comme bâtons Bo, même si elles sont trop courts d’une trentaine de centimètres. La première leçon Bo que Robbie a offerte à Issmaila a servi à démontrer jusqu’à quelle mesure ces enfants sont capables et désireux d'apprendre quand ils sont motivés.

Le lendemain matin suite à l'introduction d’Issmaila au Bo, après les cours de karaté, cinq autres enfants ont demandé à Robbie de leur enseigner aussi. Plus tard, on a découvert que plusieurs têtes de balai gisaient au sol, ayant été retirées de leurs manches transformés en Bo. Il est également probable qu'une pelle se retrouve actuellement sans manche ! Mamadou a par la suite découvert une alternative aux balais, et les karaté talibés se mirent bientôt au travail de ponçage pour perfectionner leurs nouveaux Bo. Issmaila est un étudiant de karaté très engagé qui apprend tellement vite, et il est maintenant en mesure (et très disposé) à continuer à enseigner les leçons de karaté Bo au centre de Maison de la Gare.

Le karaté offre des avantages étonnants pour beaucoup des enfants de la Maison de la Gare. Et, pour quelques-uns, une passion véritable et durable a été déclenchée. Qui sait où elle peut mener.