MDG actualités
La lettre : Un message pour notre terre
TweeterArouna Kandé se joint au pape François en voyant de l'espoir pour les enfants talibés dans cet appel à l'action environnementale
Ce film traduit le message de l'encyclique Laudato Si du Pape François de manière vivante et
accessible, à travers la vie de personnes de différents continents. Il comprend l'histoire
d'Arouna, un talibé qui a grandi avec le soutien de Maison de la Gare dès l'âge de six ans.
Après avoir commencé une scolarité formelle il y a plus de dix ans, il est maintenant étudiant
à la prestigieuse École nationale des travailleurs sociaux spécialisés du Sénégal, l'ENTSS.
"La Lettre" a été produit avec le soutien du Vatican et comprend un large segment sur la vie
d'Arouna, depuis sa jeune enfance dans son village natal jusqu’aux années passées à son daara
de Saint-Louis et à Maison de la Gare. Des millions de personnes ont vu le film.
Arouna a été invité à Rome pour le lancement officiel de "La Lettre", suite à son audience
privée avec le Pape François un an auparavant. Voici son rapport.
____________
Le changement climatique est peut-être le plus grand défi que l'humanité ait eu à relever.
C'est la raison fondamentale pour laquelle j'ai été obligé de quitter ma famille et ma maison
dans le Sénégal rural pour m'installer dans un daara à Saint-Louis. Bien qu'il existe
d'autres facteurs, comme l'absence de plantation d'arbres et l'inaction du gouvernement en
matière d'écoles et d'autres infrastructures, le réchauffement climatique est le véritable moteur.
Devenir un talibé a un coût personnel énorme. Nous ne sommes pas là pour apprendre le Coran
ou pour vivre confortablement. Nous sommes 50 à 80 à être entassés dans une petite pièce.
Et, nourris par qui ? Par nous-mêmes ! Si nous ne mendions pas notre nourriture, nous n'en
aurons pas. Et nous devons aussi nourrir le marabout en mendiant l'argent pour le payer. Il
utilise cet argent pour vivre lui-même et pour faire vivre sa grande famille.
Cette histoire est la raison pour laquelle j'ai été choisi pour être l'un des cinq protagonistes
du mouvement
"Laudato Si" provenant de différents continents, du Sénégal, de l'Inde,
du Brésil et des États-Unis.
Le tournage de ma partie de "La Lettre" a occupé une grande partie de ma vie pendant près
d'un an. À travers mon histoire et celle des autres protagonistes, le film documente les
conséquences du réchauffement climatique dans l'espoir d'inspirer les actions nécessaires
dans le monde entier.
J'ai été invité à Rome par le Pape François et le Vatican pour la sortie du film en octobre
2022. Le pape et de nombreuses autres personnes m'ont accueilli chaleureusement. Le pape a
exprimé son plaisir de me rencontrer à nouveau, et nous avons parlé pendant une heure. Nous
avons discuté des problèmes de la crise environnementale que nous (les cinq protagonistes) avions
démontrés dans le film, du problème de l'immigration des jeunes, du manque de courage politique
des dirigeants africains, mais aussi de l'injustice que nous subissons chaque jour.
Après un moment de silence, le Pape François s'est levé et m'a dit : "Monsieur Arouna Kandé,
quel projet envisagez-vous réaliser une fois rentré au Sénégal ? Et dans l'avenir ?"
J'ai répondu que je vais continuer mes études, car je veux être un travailleur social pour
aider les jeunes de ma communauté. Mais aussi, je vais promouvoir le développement de mon
village sur les plans économique, social, environnemental et de la santé et de l'hygiène. Je
compte impliquer tous les jeunes et tous les habitants de ma communauté pour qu'ils n'aient pas
à vivre les mésaventures et les abus que j'ai vécus.
Je voudrais aussi aider les habitants de mon village à valoriser ce qu'il y avait dans le passé.
Comment nous vivions en plantant des arbres, en nous entraidant. Nous
devons revenir à nos
racines et ces racines sont l'environnement naturel. Et nous devons le compléter par des
infrastructures, des écoles et des hôpitaux.
Le réchauffement climatique a entraîné de nombreux maux dans nos vies. Il nous a poussés à
être des talibés, à être des enfants de la rue et à subvenir à nos besoins en tant qu'enfants
jusqu'à ce que nous grandissions pour évoluer dans une société où nous devons nous battre pour
trouver une place. Je me suis battu pour devenir élève, pour devenir écolier et pour devenir
collégien. C'est là que je suis maintenant. Je continuerai à me battre pour que mon village
soit un lieu où les enfants et les familles puissent grandir et vivre. De quoi a-t-on
besoin ? C'est de l'éducation de base, du civisme, du respect des êtres humains, du respect
de l'environnement, du respect de la nature.
Je veux vraiment être un ambassadeur de mon pays, non pas à Rome ou à Saint-Louis, mais là
où je suis né, dans mon propre village. Je suis convaincu que les solutions pour lutter
contre ce phénomène sont entre nos mains. En retournant à nos racines, à la nature, et en
développant nos communautés de manière durable, nous donnerons de l'espoir à des milliers
de jeunes qui cherchent désespérément une vie meilleure.