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« La créativité est contagieuse ; faites la tourner » - Albert Einstein



























Notre partenaire catalane Lydie Teixidor partage son sens d'émerveillement à la créativité des enfants talibés


À Maison de la Gare les jours se suivent mais ne se ressemblent pas et cela, grâce à la présence des enfants qui font que tous les jours soient différents. Ils aiment apprendre et vous poussent à chercher constamment de nouvelles méthodes d’apprentissage pour les motiver encore plus.

Si vous les observez attentivement et vous vous adaptez à leur humeur, vous serez surpris par leur capacité de concentration, d’apprentissage et de créativité. Pour leur permettre de se développer, Maison de la Gare leur propose entre autres des ateliers de travaux manuels.

Paco, un artiste Saint-Louisien, est venu au centre de Maison de la Gare par l’intermédiaire de l'ONG belge Terres Rouges pour apprendre aux enfants comment utiliser tous les objets les plus insolites les uns que les autres qu’ils ramassent tous les jours. Lors de ces ateliers les enfants sont plus détendus ; ils sont très créatifs et attentifs. Par groupe de trois ou quatre accompagnés d'un adulte pour les aider, ou sans accompagnement dans le cas de ceux qui sont plus indépendants ou plus créatifs, ils comprennent rapidement les explications de Paco leur montrant comment, par exemple, fabriquer une statue en utilisant comme matériau quelconque rebut, fil métallique ou autres objets abandonnés ici et là sur le sol.

Ils commencent leur activité sans tarder, tordant, pliant et coupant leurs bouts de fil de fer jusqu’à ce qu'ils en obtiennent la forme souhaitée. Ils percent les pièces de plastique, découpent les bouts de tissus, regardent du coin de l’œil ce que fait le voisin et quand ils voient une idée qui leur plaît, ils en font autant ou essayent de l’améliorer. Ils plantent les clous, découpent les cannettes et les tissus et, petit à petit, ils voient prendre forme le résultat de ce qu’ils ont imaginé et s’impatientent de voir leur création terminée. Ils se fâchent contre les adultes qui s’amusent eux aussi à bricoler avec eux sous prétexte qu’ils les aident en faisant les choses à leur place. Mais les enfants veulent tout faire par eux-mêmes; cette activité est la leur et à les entendre rire et bavarder, on peut constater qu'ils s’amusent vraiment. Dès qu’ils ont fini, ils exhibent fièrement leur statue et font le tour du jardin pour la montrer à tout le monde, en cherchant l’approbation des adultes. Ils veulent tous être pris en photo avec leur chef d’œuvre. Ils ont compris et sont surpris de voir tout ce qu’ils peuvent réaliser grâce à leur imagination en utilisant tous les déchets qu’ils ramassent et trimbalent à longueur de journée et qui, autrement, auraient vraisemblablement continué à joncher le sol.

En voyant la créativité, la concentration, l’imagination et surtout en entendant le rire des enfants, nous avons tout de suite décidé de renouveler l’expérience. Issa Kouyaté, le président de Maison de la Gare, a réagi ainsi : « L'activité artistique a permis aux enfants d'agir de façon posée, sans contrainte d’horaire, parce qu'il leur fallait tout le temps pour réfléchir à leur sujet. Cette activité a révélé qu’il y avait des talents cachés parmi ces enfants que la société ne juge plus que par l'irrespect ... La raison d’être véritable de cette activité de recyclage fut de permettre aux enfants d'avoir une assise spirituelle, mais en même temps de leur permettre de combler le vide intellectuel que leur marabout a inscrit dans leur esprit. Nous sommes prêts à canaliser les forces intellectuelles et spirituelles de ces enfants, peu importe leur état d'esprit, mais il va sans dire qu'il est nécessaire qu'ils soient reconnus comme étant des êtres qui peuvent dépasser nos attentes. »

C’est en les regardant colorier les lettres de l’alphabet sur les fiches et nous demandant de les nommer à voix haute pour eux que l'idée nous est venue d’en faire une activité ludique.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ce jour-là Anna et Annette sont venues nous aider. Nous avons sorti les tables dans le jardin, les enfants se sont regroupés autour et nous avons formé des groupes selon les âges et les aptitudes.

Nous avons tous récité l’alphabet tout en écrivant les lettres sur du papier cartonné, en ordre alphabétique. Les enfants étaient très attentifs et impatients de savoir ce qu’on allait bien pouvoir faire avec ces lettres. Diodio a expliqué aux enfants qu’ils devaient remplir les lettres en découpant les bouts de tissus qui étaient sur les tables et ensuite les collant à l’intérieur. Au début, on a dû mettre un peu d’ordre parce qu’évidemment ils voulaient tout découper et coller en même temps, mais ils ont vite compris que s’ils travaillaient en équipe ils s’amuseraient plus qu’en se chamaillant. Si au début ils hésitaient un peu et nous demandaient comment faire, ils nous ont tous surpris dès qu’ils ont compris que nous leur faisions confiance.

Très appliqués, ils ont découpé les bouts de tissus, ont choisi où les mettre avant de les coller et ils ont veillé à ce que la colle ne dépasse pas. Nous nous sommes vraiment amusés. Le nom de chaque lettre qu’ils finissaient de remplir était répété à voix haute et ils ont fait preuve d’une capacité de concentration qui nous a étonnés. Ce sont eux qui ont découvert en premier que nous avions fait une faute sur l'un des papiers cartonnés et ils nous ont fait éclater de rire en nous faisant remarquer que c'est la lettre « r » qui vient après la lettre « q » et non la lettre « s ».

Ce matin fut un de ces moments magiques que ces enfants vous offrent, en les voyant si détendus, sûrs d’eux et heureux en réalisant ce qu’ils sont capables de faire.

L’activité qui sans aucun doute a été la plus surprenante et la plus spontanée a eu lieu le jour où nous avons apporté des coquillages, qui au Sénégal sont très pratiques parce qu’ils sont déjà troués, ce qui en fait un objet qui se prête à toutes sortes de manualités. Anna et Annette étaient là aussi ce jour-là. Il y avait même Cara et comme toujours Diodio, notre médiatrice, qui a expliqué aux enfants que nous allions faire des mobiles avec ces coquillages. Nous avons distribué le fil et les bouts de bois et le même nombre de coquillages à chaque groupe pour qu’il n’y ait pas de jaloux, car, comme c’est le cas pour tous les enfants du monde, il faut toujours vérifier que chacun n’en a pas plus que l’autre. Cette fois pas de dispute pour avoir les ciseaux, puisque c’est nous qui avons coupé les bouts de fil pour enfiler les coquillages et faire les mobiles.

Mais c’est sans compter sur l’imagination de ces enfants; ils ont été très créatifs pendant que nous faisions les mobiles. Certains sont vraiment très beaux. Même une fois l’activité terminée les enfants ont continué à fabriquer des colliers. Puis tout d’un coup Malick a commencé à faire de la musique avec son collier comme s’il s’agissait de maracas et évidemment nous l’avons tous imité. Tout le monde a pris un objet ou utilisé les tables en mode djembé et, comme résultat de cette créativité et spontanéité, l’activité de coquillage s’est transformée en activité musicale en surprenant tout le monde, ce qui a eu comme effet d’attirer l’attention de beaucoup de curieux qui sont venus voir ce qui se passait dans la classe.

Les lettres de l’alphabet et les mobiles ont été utilisés pour décorer l'une des classes et gare à lui qui fera l'erreur de les abîmer; il aura affaire aux créateurs qui sont très fiers de leur travail.

Depuis que j’ai connu ces enfants, je sais que les anges existent parce que, malgré leur condition de vie extrême, ils sont capables de vous offrir le meilleur d’eux-mêmes.

Il y a beaucoup trop de talent qui se perd parmi ces enfants, malgré tous les efforts de Maison de la Gare pour les insérer dans la société.