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Cela doit prendre fin !



























Maison de la Gare intervient pour arrêter à sa source le fléau de la mendicité des enfants talibés


Les enfants talibés mendiants à Saint-Louis ne sont pas, pour une bonne partie, natifs de la région. Ils proviennent pour l’essentiel de Matam, de Kaolack ou des régions de Tambacounda et de Kolda. D’autres viennent même de pays limitrophes tels la Guinée Bissau, la Guinée, la Gambie et la Mauritanie. En effet, des milliers de familles continuent à envoyer leurs enfants à Saint-Louis pour l’apprentissage du Coran parfois en totale méconnaissance du sort qui leur est réellement réservé. Éveiller les consciences de ces familles est indispensable dans la lutte pour mettre fin à la mendicité de ces enfants précieux.

Notre objectif est que, d’ici la fin de l’année 2019, le nombre d’enfants talibés mendiants à Saint-Louis soit réduit d’au moins 25%. C'est avec cet objectif en tête que nous avons débuté l'année 2016 en réalisant un recensement qui fait état de 14.779 enfants mendiants, vivant en 197 daaras. Nous prévoyons refaire le recensement vers la fin de 2019 pour mesurer les progrès accomplis.

À ce jour, nous avons réalisé trois sessions de sensibilisation. Pour la première, nous avons fait des campagnes de sensibilisation à Louga, à Rosso et à Bokhol au nord-ouest du Sénégal. Ces campagnes visaient essentiellement les marabouts et les ndéyous daaras (Le terme ndéyou daara renvoie aux marraines des enfants talibés. Les conditions difficiles des enfants dans les daaras ont conduit à la création de cellules de marraines dans les quartiers composées de femmes pleines de bonne volonté.)

Les échanges ont été très fructueux. En effet, certains marabouts bien organisés ont partagé leurs méthodes de travail afin de trouver le juste milieu entre l’obligation qu’ils ont d’entretenir et de nourrir les centaines d’enfants qui leur sont confiés, malgré leurs faibles revenus, et l’interdiction de la mendicité forcée. Ainsi, avec l’aide des ndéyous daaras dans leurs quartiers, les enfants reçoivent leurs trois repas par jour, des habits et quelques provisions telles que brosses à dents et pâtes à dents et savon. Ainsi ils peuvent tranquillement suivre leurs cours sans passer des heures dans la rue.

Voici le rapportage du journal Ndaractu suite à la première campagne à Louga :

« Ce jeudi matin, une forte délégation de Maison de la Gare conduite par la coordonnatrice du projet d’amélioration des conditions de vie des enfants talibés, des enfants de la rue et des enfants en situation de vulnérabilité, Diodio Calloga, a séjourné dans la région de Louga pour une campagne de sensibilisation pour le changement de comportement envers les enfants. Un choix qui est loin d’être fortuit si l’on sait que dans cette localité on compte beaucoup de daaras et des enfants qui sont dans une situation de vulnérabilité insoupçonnée.

Au centre culturel Serigne Sam Mbaye, un riche débat a eu lieu entre les acteurs sur le thème du jour après la prestation de la troupe théâtrale qui a mis en exergue les problèmes des enfants. Cette journée riche en enseignement a été aussi une occasion pour ledit projet de faire des dons aux daaras sous forme de moustiquaires, de détergent, de bassines, de savon et de lait. L’initiative a été saluée par le porte-parole de la fédération nationale des daaras, Thierno Kâ, qui a apprécié à juste titre les démarches entreprises par les gestionnaires du projet. “En venant à Louga, la coordonnatrice du projet nous a associés à toutes les démarches pour la réussite de cette journée de sensibilisation”, l'a-t-il soutenu.

Mieux, lors de cette journée les ndéyous daaras, les marabouts et autres participants ont esquissé des voies à entreprendre pour que les populations changent de comportement envers les enfants avant de magnifier la décision de l’État de retirer les enfants de la rue. »


À Rosso, l’initiative a été saluée et appuyée par la mairie. Voici encore de Ndaractu :

« C’est dans la cour de la commune de Rosso, Sénégal que se sont déroulées les activités de la caravane de sensibilisation pour le changement de comportement envers les enfants. L’adjoint au maire Abdou Diagne a constaté que, de manière générale, la situation des enfants est acceptable, mais cela n’occulte pas qu’il y en ait certains qui soient en difficulté. En saluant la décision de l’État de retirer les enfants de la rue, il a demandé à tous d’avoir un comportement de responsable envers les enfants. “Rosso est une zone de transit où les autorités ont pris toutes les dispositions nécessaires pour barrer la route à ceux qui veulent nuire aux enfants”, a-t-il dit. Et l’adjoint au maire a salué l’activité de la Maison de la Gare appuyée par l’ASC Daradji (l'Association sportive et culturelle formée de jeunes qui nous a accueillis et qui a organisé la rencontre à Rosso). »

La seconde série de campagnes, au mois d’août, a principalement concerné la région de Kaolack (Thiolongaane, Kaolack commune, Latmingué, Thiofyoor, Ndiaafat) et la troisième session en novembre le Fouta (Tarédji, Djoum, Guédé). Le choix de ces lieux ne fut pas fortuit. En effet, notre expérience sur le terrain nous a démontré que ces zones étaient pourvoyeuses importantes d’enfants. La majeure partie des enfants trouvés vivant dans la rue à Saint-Louis et retournés vers leurs communautés d’origine proviennent du Saloum ou de Fouta. Ces séances de sensibilisation ont été l’occasion d’éveiller les consciences de ces populations sur ce qu’endurent certains enfants talibés mendiants. En effet, à l’aide de photos, de flyers et dépliants, de sketches de théâtre et de questions-réponses, nous sommes arrivés à attirer l’attention des populations des villages d’origine à la réalité que les enfants envoyés pour apprendre le Coran sont souvent des victimes de maltraitance et d’exploitation de toute sorte. En réalité, il y a souvent détournement d’objectif, car les enfants envoyés à Saint-Louis pour étudier le Coran passent l’essentiel de leur temps à mendier.

Nous avons appris beaucoup de nos premières expériences. Nous visons au moins douze nouvelles campagnes de sensibilisation en 2017 et douze de plus en 2018. Nous ferons tout notre possible pour aider les communautés qui confient leurs enfants aux daaras de Saint-Louis à comprendre l’impact de leurs actions pour leurs enfants et de trouver les meilleures voies pour leur développement.

La mendicité des enfants dans la rue doit arrêter !
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Nous sommes très reconnaissants pour la subvention de l’Union européenne, grâce à laquelle ce programme de sensibilisation a été rendu possible.