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Trop, c’est trop !



































L'histoire d'Ousmane témoigne de la grande nécessité du travail de Maison de la Gare


Ousmane est un enfant de 12 ans qui vit dans l'une des plus grandes villes du Sénégal. Enfant difficile, il séchait l'école, se disputait avec ses parents et avait de mauvaises fréquentations. Il y a deux ans ses parents, dépassés, l'ont confié à un daara qui se trouve à Saint-Louis, tenu par un cousin de son père, un marabout, qui a promis de lui donner une éducation et de lui enseigner le Coran.

La suite a bouleversé la vie d'Ousmane. Déjà réfractaire à l’autorité, il refusait de mendier et se battait constamment avec les autres enfants. Passant ses journées dehors, il ne rentrait que pour dormir et ne rapportait jamais la somme quotidienne exigée par le marabout.

Pour briser sa résistance, le marabout a enfermé Ousmane dans une pièce sans électricité, sans eau ni sanitaires, le nourrissant à peine. Seul et affamé, Ousmane a tenté de se rebeller, mais a été brutalement battu. Finalement, il a cédé par peur d'être à nouveau emprisonné.

Le marabout, convaincu qu'Ousmane était désormais docile, l'a envoyé travailler comme domestique chez une femme, une pratique courante au Sénégal. Ousmane effectuait les tâches ménagères sans rien recevoir en retour, tandis que le marabout empochait son salaire.

Un matin, mécontente d’une tâche mal accomplie, la femme a frappé Ousmane violemment à la tête avec une jarre, lui infligeant une grave blessure. Elle a accusé Ousmane de l'avoir attaquée et a demandé au marabout de venir le chercher. Terrifié à l'idée d'être renvoyé au daara, Ousmane a profité d'un moment de distraction pour s'enfuir vers le marché où il avait entendu parler d'autres talibés en fuite.



Sa découverte de Maison de la Gare

Ousmane a appris l'existence de Maison de la Gare par Lamine, un ancien talibé qui travaille au quai de pêche de Saint-Louis. Voyant que la plaie sur le front d'Ousmane devenait infectée, Lamine s'est inquiété et en a parlé à Alagie Jallow, notre aide-soignant. Alagie a convaincu Ousmane de venir à l’infirmerie pour qu'il puisse soigner sa plaie.

Après l'avoir soigné, Alagie a emmené Ousmane au dortoir d'urgence. Convaincue que sa blessure résultait de violence, Aïssa Sarr, l'éducatrice de rue, a commencé par lui faire prendre une douche et mettre des vêtements propres. Elle a ensuite parlé avec Ousmane pour comprendre sa situation pour lui apporter une aide appropriée. Ousmane a accepté de se confier et a été mis en sécurité dans notre dortoir d'urgence où il a passé plusieurs jours.

Pendant son séjour, Ousmane a bénéficié de repas sains et de soins réguliers pour sa blessure. Mais surtout, Aïssa et nos autres éducateurs de rue l'ont rencontré régulièrement, lui ont apporté de l'affection et l'ont rassuré. Peu à peu, en sécurité dans notre centre, il s'est senti plus à l'aise et a pu jouer avec les autres enfants talibés.

Un avenir prometteur

Le plus encourageant, c'est qu'à la fin de son séjour, Ousmane semblait être redevenu un enfant de 12 ans comme les autres. Son comportement était exemplaire. Il faisait preuve de résilience et montrait une volonté d'aller de l'avant.

Nos éducateurs ont retrouvé et contacté ses parents pour les informer de sa situation. Grâce à une médiation entre notre président, Issa Kouyaté, l'équipe du dortoir d’urgence et son père, ce dernier a accepté qu'Ousmane rentre chez lui, dans sa communauté. Il existe dans sa ville un internat spécialisé pour les enfants comme Ousmane, et il y est maintenant inscrit afin qu'il puisse poursuivre son chemin vers une enfance normale. Nos éducateurs ont profité de la situation pour sensibiliser son père à mieux comprendre Ousmane et à trouver de meilleurs moyens de communiquer avec lui. Nous prenons régulièrement de leurs nouvelles et leur apportons tout le soutien nécessaire. Ousmane et ses parents savent qu'ils peuvent faire appel à nous à tout moment.
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Le nom d'Ousmane a été changé dans ce rapport et il ne figure sur aucune des photos. Il est l'un des 78 enfants accueillis dans notre dortoir d'urgence lors des six premiers mois de l'année, la plupart d'entre eux ayant vécu des histoires tout aussi déchirantes.

Comment cette situation a-t-elle pu se produire ? Les parents d’Ousmane, en désespoir de cause, ont clairement pris la mauvaise décision en l'envoyant au loin pour qu'il devienne le problème de quelqu'un d'autre. Le marabout d'Ousmane a profité de leur déresponsabilisation pour le terroriser et en faire son esclave.

La femme qui a pris Ousmane comme domestique non rémunéré a démontré une totale indifférence à l'égard des droits et du bien-être de l'enfant. Le travail des enfants est un fléau pour la société. Trop souvent, des enfants sont exploités, contraints d'accomplir des tâches ardues pour des sommes dérisoires. Sensibiliser les gens aux besoins des enfants et à leur droit à une enfance digne et sécurisée est une priorité pour Maison de la Gare.

Finalement, le gouvernement doit assumer ses responsabilités. Les accords internationaux et les lois nationales interdisent les pires pratiques vécues par Ousmane. Nous plaidons pour qu'ils soient respectés.