Le programme d’apprentissage en couture de Maison de la Gare décolle

Un magnifique nouveau bâtiment a commencé à prendre forme au centre d’accueil de Maison de la Gare au début de 2018, à côté du jardin et de l’infirmerie. Les centaines d'enfants talibés qui fréquentent le centre chaque jour étaient très curieux de savoir ce que ce serait. Mais plusieurs des talibés plus âgés étaient au courant et attendaient avec impatience de commencer un nouveau chapitre plein d'espoir dans leur vie.

Les jeunes qui restent dans leurs daaras pendant 5, 10 ou même 15 ans doivent tous faire face au défi de savoir ce qu’ils feront lorsqu'ils auront terminé leurs études coraniques ou seront trop vieux pour continuer dans leurs daaras. Ils n'ont ni éducation formelle ni métier et la plupart ne veulent pas retourner dans leurs communautés d'origine où ils ne se souviennent de presque personne et où ils n’auraient aucun moyen de subvenir à leurs besoins. Ces jeunes ont désespérément besoin de débouchés pour une vie meilleure.

Un grand nombre de ces talibés aînés ont fréquenté Maison de la Gare depuis des années et nous sommes de plus en plus déterminés à les aider à développer des métiers susceptibles de leur offrir autonomie et respect dans la société. Notre programme d'apprentissage agricole à Bango a été notre première démarche dans ce sens et il a été suivi d’un projet d’aviculture au début 2018. Le projet d'apprentissage en couture complète ces efforts antérieurs en attirant et motivant davantage de jeunes.

Le nouveau bâtiment a été prêt à la fin du printemps 2018 et il est maintenant pleinement opérationnel avec douze machines à coudre électriques. Baka Fall de Baka Fashion, tailleur expérimenté de Saint-Louis, s'est engagé à guider le programme en tant qu'instructeur et mentor pour les apprentis. Et Kalidou, un talibé qui développe ses compétences en tant qu’apprenti couturier depuis de nombreuses années, s’épanouit dans son nouveau rôle de chef de file talibé de ce programme. Il est toujours présent et son approche calme et solidaire est bien acceptée par les apprentis talibés. Grâce à l’appui de Baka, Kalidou est maintenant en mesure de produire des vêtements traditionnels d’excellente qualité de tous les styles requis par le marché sénégalais. Kalidou est très fier de son rôle dans ce projet et, même s’il est prêt à subvenir à ses propres besoins, nous espérons qu'il restera dans le projet pendant quelque temps.

Deux apprentis sont d'excellents exemples des possibilités offertes par ce nouveau programme. Souleymane et Elhage ont fait l'objet de rapports antérieurs alors qu’ils cherchaient une direction pour leur vie.

Souleymane comprend parfaitement la nécessité d'avoir un métier, car il a été libéré de son daara sans aucune compétence pour gagner sa vie. En provenance de la Gambie, Souleymane a été envoyé à un daara à Saint-Louis en très bas âge. Il a commencé à fréquenter le centre de Maison de la Gare en 2010 où il a suivi fidèlement les cours d'alphabétisation et est devenu l'un des leaders du programme de karaté. En 2017, la famille de Souleymane l’a convaincu de rentrer chez lui pour un mariage arrangé. Une fois sur place, cependant, il s’aperçut qu’il n’avait aucun moyen de réaliser la vie qu’il avait envisagée pour lui-même et sa famille. Après son mariage, il est rentré à Saint-Louis déterminé à apprendre un métier. Souleymane a exprimé sa motivation à joindre le programme de couture en disant simplement : « Je veux avoir une activité significative et un métier. » Souleymane doit relever le défi de subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille tout en poursuivant le programme. Nous lui avons fourni des logements, mais il doit toujours se nourrir et envoyer une petite contribution à sa femme en Gambie. Cependant, Souleymane a persisté et il aura bientôt les compétences dont il a besoin pour gagner sa vie.

Elhage a également persisté, avec une motivation vraiment exceptionnelle. Il a été très éloquent lorsqu'il a expliqué pourquoi il s'était inscrit à ce programme : « Ne pas avoir un métier à mon âge, c'est comme marcher à l'aveugle. Ici, il n’y avait pas de travail pour moi et je veux me former pour avoir une vie meilleure, un vrai travail et des compétences qui me permettront de gérer ma propre entreprise. » Elhage passe deux jours par semaine au marché, faisant de petits boulots pour gagner assez d’argent pour se nourrir toute la semaine. Il travaille les autres jours de la semaine dans le programme d’apprentissage en couture et dort la nuit dans le dortoir d’urgence de Maison de la Gare. Fort de ses talents de tailleur, Elhage sera bientôt prêt à utiliser son énergie débordante pour bâtir sa propre vie. Il est un modèle et une inspiration pour les autres talibés de tous les âges.


Les apprentis travaillent au centre de couture pratiquement tous les jours de la semaine, et souvent le week-end. Ils ont appris à confectionner des vêtements traditionnels tels que des pantalons, des jupes et des chemises ainsi que des produits tels que des sacs colorés. Ces articles sont joliment finis, de qualité égale à celle d'articles équivalents vendus sur les marchés locaux ou ailleurs à Saint-Louis.

De nombreux volontaires de Maison de la Gare ont acheté des vêtements et d’autres objets à emporter chez eux comme cadeaux ou pour eux-mêmes. Les apprentis ont produit des sacs robustes et colorés de différentes tailles et d’autres volontaires ont emporté avec eux des échantillons de ceux-ci pour les vendre au Canada, aux États-Unis et dans certains pays d’Europe. Un magasin de fleurs à Ottawa, Canada - Alta Vista Flowers - offre des sacs avec certaines de leurs compositions florales ; ils ont réalisé des ventes de 200 $ au cours d’un mois récent. Ces ventes sont très motivantes pour les apprentis et, si nous pouvons consolider ces débuts, elles peuvent apporter une contribution importante à la pérennité de ce programme précieux.

Le programme de couture nous a permis de respecter la promesse faite aux enfants talibés plus âgés qui ont grandi avec nous, de leur offrir un moyen de trouver une véritable stabilité et le respect de soi dans leur vie. Le centre de formation en couture est devenu un pôle d'attraction pour les enfants talibés qui participent à nos autres programmes. Il a de la visibilité et leur rappelle qu'ils ont la possibilité eux-mêmes de devenir compétents et autonomes, de prendre leur vie en main.

Nous avons demandé à Kalidou ce que le projet signifie pour lui. Sa réponse : « Je suis trop ému pour parler. Je n'ai pas de mots pour exprimer ce que ce projet représente pour moi. C'est un rêve devenu réalité. »
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Nous sommes profondément reconnaissants à GO Campaign de Santa Monica en Californie et à Solidarité nationale et internationale (SNI) de France d’avoir rendu possible ce projet.