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Mon expérience de bénévole à Maison de la Gare
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Mélodie Nos découvre les enfants talibés avec Le Book Humanitaire
C'était ma première visite au Sénégal, une mission humanitaire pour aider les enfants talibés
de Saint-Louis. J'ai voyagé avec l'organisation Le Book Humanitaire du Québec, Canada, dont la directrice
Rachel Lapierre a travaillé
auparavant avec Maison de la Gare. Nous avons suivi les
instructions pour trouver le centre, « en face du stade, prendre la ruelle à côté de la banque ».
On arrive alors à l'entrée d'une cour fermée comportant plusieurs bâtiments. Quelques enfants
étaient déjà en train de jouer ou d'attendre, dans cette enceinte close, mais libre
d'accès pour tous.
C'était la première fois que je rencontrais les talibés, ces jeunes garçons de la rue qui vivent dans des
daaras. Ce sont des écoles coraniques dirigées par un marabout. Dans le meilleur des
cas, ils doivent y recevoir une éducation de base et religieuse. Malheureusement pour
beaucoup d'entre eux, ils se retrouvent à mendier dans les rues, livrés à eux-mêmes. Ils
sont souvent victimes d'abus ou de maltraitance et ne reçoivent aucun
soin de santé. Si vous prêtez attention en marchant dans Saint-Louis, vous ne manquerez pas de les
apercevoir errants dans les rues, leur petit pot blanc à la main.
Maison de la Gare offre à ces enfants un refuge temporaire, une pause mentale dans leur
quotidien difficile.
J'ai pu y découvrir durant mon séjour plusieurs services proposés
aux enfants, dirigés et encadrés par des membres de l’équipe motivés et engagés.
On y trouve, entre autres, l'infirmerie (premiers soins) et, en face, un atelier de
couture qui fait partie du programme d'apprentissage et de réinsertion. J'ai eu la
chance de rencontrer Kalidou Baldé, responsable de l'atelier, où j'ai pu faire un don
de tissus et passer commande d'une robe, d'un pantalon et de sacs. Le travail est de
grande qualité et mérite d'être connu plus largement. Kalidou est très adroit et très
professionnel dans son travail. En plus de la couture, il enseigne l'anglais dans
une des salles de classe.
Nous avons eu la chance un soir de préparer les sandwichs pour les enfants avec Lalla
Sène, animatrice de sport. Lalla encourage vigoureusement les activités physiques
avec les groupes d’enfants.
J'ai passé la plupart de mon temps avec Alagie Jallow, ancien talibé dont le
dévouement est
sans fin et inspirant. Nous avons visité avec lui le reste des
installations, y compris le dortoir d'urgence qui fournit un hébergement temporaire
aux enfants trouvés endormis dans la rue. Des patrouilles nocturnes sont effectuées
pour retrouver ces enfants.
J'ai été amusé de voir que l'association dispose aussi d'une salle télé, permettant
de diffuser des films aux enfants cherchant un refuge éphémère durant la journée.
Avec certains membres de mon groupe, j'ai eu la chance d'accompagner Alagie dans une
de ses tournées régulières de soins dans les daaras, et de contribuer aux soins
médicaux qu'il prodigue. Cette expérience, parfois intense en émotions, m'a permis
d'être sensibilisé au problème de la gale, cette maladie qui se propage extrêmement vite en ces
lieux jusqu'à avoir des cas graves et critiques. Ces visites sur le terrain m'ont permis de
rencontrer les enfants directement dans leur lieu de vie et de me rendre compte des
conditions dramatiques et insalubres où certains vivent et dorment.
Alagie effectue aussi des séances de formation aux premiers soins et de prévention
directement dans les daaras, ce qui permet de sensibiliser et de
responsabiliser les
plus âgés. Nous avons énormément apprécié travailler avec lui. Son aide a été
précieuse comme guide de terrain et comme conseiller.
Au sein du centre de Maison de la Gare, Le Book Humanitaire a aidé à contribuer au
nettoyage de deux terrains pour créer un potager. Nous avons préparé plusieurs carrés de
terre et planté les premiers semis. Responsabiliser les enfants sur une tâche
quotidienne fait partie de leur éducation, et le résultat final est très gratifiant.
Nous avons décidé de repeindre les murs de la cour du centre afin de créer un
environnement chaleureux et accueillant. Grâce à la présence de plusieurs artistes
dans notre groupe, nous avons pu ajouter des dessins et des fresques. Ça a été une
bonne occasion de faire participer certains enfants à la peinture et de partager un
moment avec eux. Nous voulions donner aux enfants un environnement coloré qui
contraste avec leur quotidien souvent triste.
Pour ma part, j'ai pris beaucoup de plaisir à improviser un atelier de dessin avec
quelques enseignements en français et calcul. Je conseille aux futurs volontaires
d'expérimenter cette activité, car les enfants sont très réceptifs et ont envie
d'apprendre. Ils méritent tous d'avoir accès à l'éducation et d'apprendre
de nouvelles choses.
Nous avons reçu beaucoup de sourires et de rires de ces garçons de la rue. Leur
sort m'a profondément touchée. Aucun enfant ne devrait vivre dans l'extrême
pauvreté ou être victime de mauvais traitements. La force dont ils font preuve face
à leur vie difficile est une leçon pour nous tous. Nous pouvons apprendre
beaucoup d'eux.
J'espère pouvoir travailler à nouveau avec Maison de la Gare dans le futur, aux
côtés des membres de cette belle association locale.